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Monde - Page 17

  • Sri Lanka : les années Rajapaksa, entre triomphe et désastre


    Par Tamara Kunanayakam

    Le dernier ouvrage de Rajiva Wijesinha, « Triomphe et désastre : les années Rajapakska » est un remarquable document sur les premières années au pouvoir de Rajapakska qui constituèrent un tournant de l’histoire récente du Sri Lanka.


    L’ouvrage célèbre la victoire sur la terreur du LTTE des tigres tamouls, qui avait imprégné tous les aspects de la vie des Sri Lankais au cours du dernier quart de siècle. Il donne un aperçu exceptionnel du travail d’une institution de l’état qui a joué un rôle central, même lorsqu’il a dû s’adapter aux circonstances lorsque le LTTE des tigres tamouls a imposé un changement radical de tactiques, en déplaçant le terrain de confrontation de la table des négociations à un champ de bataille féroce où les civils furent transformés en chair à canon.

    C’est un récit personnel de grande qualité des événements tels qu’ils se déroulèrent de juin 2007, quand Rajiva Wijesinha fut nommé secrétaire général au secrétariat chargé de la coordination des pourparlers de paix et la fin de la guerre en mai 2009. En juin 2008, il fut aussi chargé du secrétariat au ministère des droits humains et de la gestion des catastrophes et son récit se trouve ainsi enrichi des expériences vécues au fil de cette période.

    En dehors du caractère fascinant du texte et de sa description colorée et vivante des caractères et des situations, des intrigues et des duplicités étayées par une abondante documentation, j’ai trouvé dans cet ouvrage les pièces du puzzle qui manquaient à l’image que je m’étais faite de ce morceau d’histoire à partir du confortable point de vue dont je bénéficiais à Genève.

    Quand je dis Genève, je n’évoque pas seulement l’année passée en tant que représentant permanent du Sri Lanka auprès des Nations-Unies, mais bien la part la plus importante de ma vie passée à Genève à étudier et travailler autour et alentour du système des Nation-Unies. Plus de dix années furent ainsi consacrées au service du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme. J’ai vu et vécu ce fonctionnement sous de nombreux angles : en tant qu’étudiant à l’Institut des Etudes Internationales à Genève qui formait les agents à ces fonctions, plus tard comme employée internationale et, plus récemment, comme représentante d’un état membre.

    A l’inverse des LTTE (Tigres Tamouls) hier, le lobby séparatiste d’aujourd’hui et ses soutiens occidentaux, la principale cause d’échec des gouvernements sri lankais successifs résulte d’une sous-estimation des dimensions internationales de ce conflit local. A mon avis, c’est cette appréhension de la situation qui a permis au LTTE alors et au lobby séparatiste aujourd’hui, de monopoliser l’attention à l’international, le tout facilité par l’absence du gouvernement à ce niveau. Mes commentaires porteront dès lors essentiellement sur les chapitres de l’ouvrage qui traitent de cet aspect des choses.

    Intervention internationale : le livre de Rajiva Wijesinha ne parle guère des opérations militaires mais plutôt d’un aspect de cette guerre moins spectaculaire mais sans doute plus important et plus dangereux car plus insidieux. Ce que Rajiva Wijesinha appelle « La bataille qu’il fallait mener pour empêcher le gouvernement d’entrer en fonction suite aux interventions internationales ». Cette bataille n’est pas encore terminée. C’est pourquoi ce livre doit être lu par tous ceux qui s’intéressent à l’installation d’une paix durable.

    Le récit de Rajiva Wijesinha corrobore la thèse soutenant l’idée que derrière les initiatives de Genève, il y a d’autres motivations que la défense des droits humains de la communauté Tamoule. Il démontre avec de nombreux exemples, documents et extraits de presse communiqués par le Secrétariat à la paix à l’appui, à quel point les gouvernements occidentaux, les groupes d’action nationaux et internationaux créés par leurs soins et les Nations-Unies, se sont abstenus de condamner les crimes, enlèvements et recours aux enfants soldats par le LTTE. Il montre comment, bien au contraire, en dépit d’informations de première main sur leur caractère totalitaire et leurs abus en tous genres, le LTTE a bénéficié, directement et indirectement, de leur aide.

    L’œuvre de Rajiva Wijesinha établit clairement que l’intervention extérieure visant à torpiller la souveraineté du Sri Lanka et le cours de son histoire n’a pas commencé pendant la dernière phase de la guerre bien que la campagne menée par l’occident se soit focalisée sur cette période. L’intervention occidentale avait commencé bien avant cela, en s’adaptant aux circonstances mais en gardant soigneusement en vue un objectif bien précis.

    Priorité au soutien à LTTE et au lobby interventionniste : au début, ils tentèrent d’asseoir leur influence par le biais de leur aide au LTTE. La présence de gouvernements UNP pro-occidentaux sous la présidence de CBK les rassurait aussi. Le livre de Rajiva Wijesinha fourmille de faits et de récits illustrant les relations de soutien mutuel existant en particulier entre le régime -CBK - Ranil Wickermasinghe- , le LTTE, les occidentaux, les départements des Nations-Unies et des ONG nationales et internationales interventionnistes.

    A cette époque, des millions de roupies de fonds étrangers ont servi au financement du LTTE avec l’accord du gouvernement de Rani Wickermasinghe, même après que le LTTE ait fait clairement savoir qu’il ne participerait pas aux négociations. Le financement du conglomérat des interventionnistes de même tendance, comme Rajiva Wijesinha décrit ces ONG, s’est poursuivi massivement pendant les années Rajapaksa quand ce « financement pour la paix » s’est reconverti en « critiques du gouvernement », ce qui est aussi le titre du chapitre 6 de l’ouvrage.

    Plusieurs chapitres du livre de Rajiva Wijesinha sont consacrés à des faits, des tableaux, des noms d’organisations et de personnes concernées par des transferts de montants qui tournent autour de plus de deux cent millions de roupies d’aide financière étrangère.

    Apparition de la notion de Responsabilité de Protéger (R to P) ou « Droit d’ingérence » encadrant le gouvernement Rajapaksa : dans la période suivant immédiatement l’élection de Rajapaksa à la présidence, l’opposition au Sri Lanka aussi bien que les gouvernements occidentaux ont eu tendance à sous-estimer l’homme. En 2007, ils prévoyaient toujours que son gouvernement serait renversé et que les pressions internationales en viendraient à bout.

    Ce sentiment a bien entendu évolué, notamment avec la défaite du LTTE dans la province de l’Est en juillet 2007. Il devint de plus en plus évident que le LTTE pourrait bien, après tout, ne pas sortir vainqueur de l’option militaire qu’il avait lui-même choisie.

    Rajiva Wijesinha nous raconte comment, au fil de cette période, la campagne anti-gouvernementale a grandi en force et virulence et à quel point les ONG interventionnistes, Human Rights Watch en particulier, ont lancé des attaques concertées contre le gouvernement sans que celui-ci juge opportun de les contrer.

    Il montre aussi à quel point cela coïncidait avec la préparation de la session de septembre 2007 du Conseil des droits de l’Homme au cours de laquelle les britanniques avaient eu l’intention de faire passer une motion qu’ils avaient déjà rédigée en 2006. Il y a eu trois tentatives de cette sorte en 2006, 2007 et mars 2009 afin de faire passer une résolution contre le Sri Lanka avec l’appui de la Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale.

    Il convient d’ailleurs de rappeler que de nombreux hauts responsables de Human Rights Watch sont issus du State Department et du National Endowment for Democracy. Le Comité Consultatif de sa division des Amériques a même le soutien d’un responsable officiel de la CIA nommé Miguel Diaz.

    Il est très vraisemblable que la perspective d’une défaite totale du LTTE et le renforcement du gouvernement Rajapaksa à Colombo ont incité Washington à se tourner vers la possibilité d’élaborer un projet de R to P ou « droit d’ingérence » contre le Sri Lanka comme moyen de restreindre la souveraineté de l’état et de légitimer une éventuelle intervention militaire pro active et préventive à une date ultérieure. Dans un autre pays, Washington aurait pu intervenir directement sous prétexte de combattre le terrorisme.

    L’administration Obama, tout comme l’administration Bush avant elle, restait sous l’influence des néoconservateurs qui plaidaient en faveur d’interventions unilatérales pour combattre ce qu’ils appelaient les « menaces globales », en ce compris le terrorisme.

    Ronald Rumsfeld, ancien secrétaire à la défense, décrivait ces nouvelles menaces comme « inconnues inconnues » ou encore « ces choses dont nous ignorons que nous ne savons rien » et qui parce qu’elles sont invisibles, justifient le recours à la force, unilatéralement, pro activement, préventivement, en tous lieux et à tout moment.

    Même en l’absence de preuves puisque, selon Rumsfeld, l’absence de preuves n’est pas la preuve de leur absence. Pour des motifs évidents, Washington ne pouvait d’ailleurs pas prétendre que le Sri Lanka était incapable ou peu désireux de combattre le terrorisme.

    Rajiva Wijesinha livre un compte rendu fascinant vu de l’intérieur des premières manifestations du « R to P » ou Droit d’Ingérence, et sur comment le Sri Lanka a été encadré avec l’appui des ONG du conglomérat interventionniste qui a été construit avec l’aide des fonds étrangers sous les régimes précédents.

    De manière non surprenante, le concept de droit d’ingérence avait été avancé à un moment où le LTTE essuyait une défaite à l’Est comme en juillet 2007 et par un pionnier du concept qui n’était autre que l’ancien ministre des affaires étrangères australien Gareth Evans.

    Evans avait été l’invité du Centre International des Etudes Ethniques pour y donner la conférence du « Neelan Tiruchelvam Memorial » intitulée : « Les limites de la souveraineté nationale : la responsabilité de protéger au 21° siècle ». A cette époque, Evans était président et CEO de « L’international Crisis Group » et co-président du « Global Center for the Responsibility to Protect ».

    Rajiva Wijesinha révèle l’existence d’une véritable conspiration d’un groupe étroitement soudé, composé du sous-secrétaire général des Nations-Unies, Radhika Coomaraswamy, du directeur exécutif de l’ICES, Rama Mani, à qui était promis un énorme montant de financements étrangers, de Gareth Evans du Centre Global pour la Responsabilité de Protéger ainsi que d’Angela Bogdan, à l’époque Haute Commissaire canadienne.

    Des allégations furent alors échafaudées pour pouvoir accuser l’état de génocide, nettoyage ethnique, crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou toute autre forme de crimes de masse.

    Ainsi commença petit à petit le montage d’un dossier qui aboutit au fameux rapport Darusman puis dans les rapports du Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme. Qu’il y ait eu une stratégie pour épingler le Sri Lanka devint évident des années plus tard en 2013, quand le Sri Lanka fut retenu comme un des six pays susceptibles d’être retenus pour la mise en application de la R to P ( Droit d’Ingérence ) par le groupe de travail US sur « The United States and R to P : des paroles à l’action » qui était co-présidé par l’ancienne secrétaire d’état US, Madeleine Albright et l’envoyé spécial du président US au Soudan, Richard Williamson. Gareth Evans participait aussi à ce groupe.

    Juillet 2007– entre en scène le Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme : c’est dans ce contexte politique et militaire qui caractérisait la mi-2007 que le Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme des Nations-Unies, Louise Arbour à l’époque, rendit également visite au pays. Elle arriva en juillet 2007, accompagnée par Rory Mungoven. Rajiva Wijesinha décrit avec beaucoup de détails le rôle insidieux joué par Rory Mungoven, connu comme interventionniste et devenu une constante dans les affaires du Sri Lanka depuis son affectation comme conseiller des Nations-Unies aux Droits de l’Homme suite à l’accord de cesser le feu (CFA) en 2002.

    Avant de rejoindre l’OHCHR, Mungoven avait été directeur de la communication à Human Rights Watch et chef du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Il revint avec Louise Arbour pour défendre la mise sur pied d’une mission de surveillance sous la forme d’un bureau de campagne qui s’était discrédité en tant qu’instrument d’intervention occidentale. Mungoven revint encore récemment accompagné du tout nouveau Haut -Commissaire, Zeid Ra’ad Al Hussein, pour discuter de la mise en application de la résolution controversée 2015 du Conseil des Droits de l’Homme. Dans le dernier numéro du 8 février de « The Island », j’ai écrit au sujet du rôle insidieux que jouait et continuait à jouer le OHCHR.

    Défaite du LTTE : répercussions des changements sur le champ de bataille à Genève : On aurait pu s’attendre à un reflux de ces positions virulentes lorsque le pouvoir au Sri Lanka parvint à venir à bout d’une puissante structure terroriste, seul et sans aucune assistance extérieure. N’importe où ailleurs, un tel succès aurait été applaudi par les mêmes pouvoirs occidentaux ; après tout, combattre le terrorisme était devenu leur nouveau cri de ralliement.

    Mais cela ne s’est pas produit et la malveillance resurgit avec un désir de vengeance en plus. Les occidentaux tentèrent en mai 2009 de mettre sur pied une session spéciale pour empêcher une victoire totale sur le LTTE mais ne parvinrent pas à mobiliser tous les soutiens dont ils avaient besoin. Rajiva Wijesinha rappelle à quel point les occidentaux envisagèrent alors sérieusement la mise sur pied d’un Tribunal pour Crimes de Guerre.

    Les occidentaux parvinrent néanmoins à obtenir la convocation de la session spéciale qu’ils souhaitaient quelques jours après la fin de cette guerre mais elle ne put se réunir. Rajiva Wijesinha explique comment la stratégie adoptée par le tout nouveau représentant permanent à l’ONU, Dayan Jayatilleke, s’avéra efficace pour isoler l’adversaire.

    Cette victoire a montré l’absolue nécessité d’élaborer des moyens de défense solides pour parvenir à contrer les attaques. Si la mission en poste à Genève était restée passive, l’échec aurait été au rendez-vous par le biais d’une résolution déjà préparée par la Grande Bretagne. La stratégie de Dayan consista à empêcher par tous les moyens la prise en considération du projet de résolution et la seule façon de procéder consistait à refuser de débattre de ce texte et de persuader un nombre suffisant de membres de faire savoir qu’ils refuseraient toute tentative de placer le Sri Lanka à l’agenda de la réunion.

    Rajiva Wijesinha explique à quel point l’étroite coordination entre le représentant permanent et le Secrétariat pour la Paix avec leur connaissance de première main du terrain s’avéra essentielle. Cette connaissance, associée à une bonne compréhension des motivations et des contradictions internes de l’adversaire ainsi que l’aptitude à percevoir les points d’intérêt communs avec la communauté des pays en développement a permis à l’équipe de répondre rapidement et de manière offensive à des attaques dénuées de tous fondements et d’étaler au grand jour la duplicité des occidentaux, les plaçant ainsi sur la défensive en fragilisant leur position.

    En septembre 2011, une nouvelle tentative de placer le Sri Lanka à l’agenda fut le fait du Canada, agissant en lieu et place de Washington qui n’était pas à ce moment membre du Conseil des Droits de L’Homme. J’étais alors représentant permanent du Sri Lanka à Genève et me trouvai face à un ambassadeur US particulièrement furieux, Eileen Danahoe qui s’écria : « Nous vous aurons la prochaine fois ! ». Six mois plus tard, les US, à nouveau devenus membre, prirent l’initiative et deux résolutions suivirent en 2012 et 2013 entraînant la fameuse résolution 2015 adoptée sans vote suite à son soutien par le nouveau gouvernement pro-Washington à Colombo.

    Avec cette dernière résolution qui constitue une réelle menace pour la souveraineté du Sri Lanka le livre de Rajiva Wijesinha arrive à point nommé. Image faussée de la réalité Tamoule – la tragédie du Sri Lanka : un volet essentiel de l’ouvrage de Rajiva Wijesinha consiste à analyser la définition persistante et irresponsable par les politiciens Sri Lankais des tamouls comme groupe homogène et non comme communauté hétérogène avec ses différences de classes, de castes et d’origines géographiques que reflète la diversité de ses forces sociales et politiques. L’ouvrage regorge d’exemples de la diversité des populations tamoules du Sri Lanka et livre un catalogue des abus perpétrés par le LTTE contre des tamouls qui deviennent ainsi les premières victimes de cette terreur.

    En dépit des évidences, tous les protagonistes de la tragédie Sri Lankaise - Le LTTE, les gouvernements Sri Lankais successifs et les pouvoirs occidentaux- , ont tous souscrit à cette vision distordue de la réalité tamoule. Le récit de Rajiva Wijesinha montre à quel point cette façon de voir a servi à justifier les politiques des gouvernements successifs sous les présidences de J.R Jayewardene, Premadasa et CBK avec pour résultat la reconnaissance du LTTE comme seul interlocuteur représentatif du peuple Tamoul au détriment d’autres forces politiques et sociales qui auraient pu représenter une alternative démocratique. Premadasa avait même soutenu activement le LTTE contre d’autres forces tamoules qui s’étaient manifestées sur la scène politique dans la foulée des accords Indo-Lankan de 1987.

    L’accord de cessez-le-feu de 2002 signé par le gouvernement de Ranil Wickermasinghe sous la présidence de CBK allait jusqu’à reconnaître le LTTE comme seul représentant des tamouls, empêchant ainsi les autres forces tamoules de se plaindre des abus du LTTE. Comme le gouvernement n’enregistrait pas ces plaintes non plus, il n’existe aucun relevé exhaustif des horreurs infligées par le LTTE aux populations qu’il était censé représenter.

    A cette époque, des millions de roupies furent versées au LTTE par le canal de l’ONU et avec l’accord du gouvernement de Ranil Wickermasinghe. En dépit de multiples preuves de ce que le LTTE se réarmait et étendait ses opérations à d’autres parties du territoire, le gouvernement Wickermasinghe continua d’affirmer que les accords de cesser le feu étaient respectés.

    CBK agissait de même. Elle se montrait prête à négocier avec le LTTE sur base de prétentions contestables en vue d’un gouvernement autonome auquel l’autorité accordée aurait octroyé des pouvoirs totalitaires. Elle signa alors les accords P-TOMS dont certaines clauses s’avérèrent anticonstitutionnelles après avis de la cour suprême. En privilégiant le LTTE, CBK négligeait de dialoguer avec les forces tamoules modérées avant qu’il ne soit trop tard. Avant qu’elle ne propose un compromis qui s’ouvre aux forces modérées, Neelan Tiruchelvam avait été assassinée et le LTTE avait étendu son emprise sur le nord du pays et ses politiciens. Pire encore, l’UNP brûlait littéralement ce document au siège du parlement.

    En présentant les Tamouls comme un groupe homogène, nos politiques ont consciemment ou inconsciemment conféré une légitimité au LTTE en tant que seul représentant du peuple tamoul, légitimant ainsi ses exigences d’un état à part. L’œuvre de Rajiva Wijesinha aide à comprendre comment la propagation d’idées fausses a aidé à monter un dossier de R to P ou droit d’ingérence contre le Sri Lanka, livrant à Washington le précédent dont il avait besoin aux Nations-Unies pour légitimer une intervention controversée fondée sur ce troisième pilier du "Droit d’Ingérence".

    Les références réitérées des gouvernements Sri Lankais successifs à l’existence d’une soi-disant diaspora tamoule, de manière positive ou négative d’ailleurs, n’ont fait que renforcer cette idée fausse. A moins que nous ne tirions un jour les leçons de l’histoire, nous resterons un peuple divisé.

    A mes yeux, la perception erronée du peuple tamoul en tant que communauté homogène a été et continuera d’être l’obstacle majeur à l’établissement d’une paix durable et à la construction d’une identité Sri Lankaise commune qui soit basée sur la justice et l’égalité. La fiction que la source du conflit se trouve entre une majorité Sinhala et une minorité Tamoule peut convenir à des politiciens avides d’obtenir une parcelle de pouvoir au Sri Lanka, également à des puissances occidentales désireuses de pouvoir intervenir dans les affaires intérieures du pays mais cela ne sert absolument pas les intérêts du peuple Sri Lankais ni ses aspirations à une société où ils puisse décider de son destin.

    Un défi pour nous réapproprier notre histoire : on n’insistera jamais assez sur l’absolue nécessité d’entretenir notre mémoire. Si nous ne le faisons pas, d’autres la réécriront pour nous. Le livre de Rajiva Wijesinha est un défi qu’il nous lance et une pièce maîtresse de notre histoire contemporaine, Une œuvre que chacun et tous doivent lire.

    Référence du livre de Rajiva Wijesinh : S. Godage & Brothers (Pvt) Ltd, 661/665/675, P. de S. Kularatne Mawatha, Colombo, Sri Lanka, 2015, 279 pp. IBSN 978-955-30-6539-1.

    Traduit de l’anglais par Oscar GROSJEAN pour Investig’Action

    Source : Thupappi.wordpresse.com

    Si cet article vous a intéressé, nous vous proposons de découvrir l’ouvrage de Tamara Kunanayakam : Quel développement ? Quelle coopération internationale ? publié par les Editions du CETIM. 

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  • Le Plan Colombie a été un cauchemar pour les femmes

    Six femmes ont été violées toutes les heures en Colombie au cours des neuf premières années du Plan Colombie. Les femmes ont été parmi les plus affectées par le Plan Colombie et par l’état de guerre permanente dans la région.

     



    Ces chiffres sont ceux d’une enquête commune menée par des organisations de lutte pour les droits des femmes, dont Oxfam et d’autres groupes basés en Colombie. L’étude révèle également que quelques 489.678 femmes ont été victimes de violences sexuelles variées, tandis que 7.752 étaient forcées à la prostitution entre 2000 et 2009, années totalement inclues dans le plan controversé.

    Le Plan Colombie est une enveloppe globale d’aide militaire lancée en 2000 par Bill Clinton, alors président des USA, pour lutter contre les trafics de stupéfiants et les insurrections. Durant les 15 dernières années, il a contribué en termes de présence militaire et de milliards de dollars à aider la Colombie dans sa lutte contre le trafic de drogue et contre l’aile gauche de la guérilla que le gouvernement combattait depuis des décennies.

    Pourtant, si l’on en croit les groupes de défense des droits de l’homme dans la région, ce marché a été un désastre.

    « Ce que l’on constate, c’est un renforcement du trafic de drogue une recrudescence de la répression, un accroissement de la pollution de l’environnement et une augmentation des violations des droits de l’homme des colombiens, » déclarait Nidia Quintero, secrétaire générale du groupe des droits paysans Fensuagro, à téléSUR.

    Les trois-quarts de l’aide financière du Plan Colombie ayant été consacrés au financement militaire et à celui des polices locales, on a assisté à une militarisation sans entraves du pays. Ceci se vérifie plus particulièrement durant les sept premières années du plan, de 2000 à 2007, moment où l’assistance des USA dépassait systématiquement les 600 millions de dollars par an et dont 80 pour cent alimentaient les forces de sécurité, d’après les chiffres du Washington Office of Latin America.

    Ceci s’est ajouté à la violence, crimes, disparitions forcées qui existaient déjà en grand nombre à cause de la guerre civile permanente entre l’armée colombienne, les troupes paramilitaires et les combattants guérilleros.

    D’après Quintero, celles qui continuent à payer le prix fort, ce sont les femmes.

    Violences sexuelles : Butin de guerre !

     

    La violence sexuelle à l’égard des femmes, dans le pays, n’est pas simplement la conséquence malheureuse de la guerre. Elle relève plutôt d’une stratégie militaire, dit Milena Montoya, avocate pour la défense des droits de l’homme.

    « Violer une femme est un butin de guerre », voilà ce que déclare à teleSUR Montoya, qui est également secrétaire du conseil exécutif pour les droits de l’homme du groupement d’avocats Lazos de Dignitad (Ties of Unity). « Violer une femme terrorise les autres femmes. C’est donc l’une des pratiques que les groupes militaires de l’armée colombienne comme ceux de l’armée des USA, ont utilisé pour soumettre les populations en les faisant vivre en état de terreur. ».

    Il existe une abondante documentation à propos des violences sexuelles qui ont eu lieu dans une absolue impunité grâce aux accords bilatéraux et à l’immunité diplomatique des officiels U.S..

    Par exemple, d’après un rapport demandé par le gouvernement colombien et les FARC, 54 jeunes filles colombiennes ont été abusées sexuellement par des soldats US et par des cocontractants militaires entre 2003 et 2007. Le problème est qu’ils ne peuvent pas en être tenus pour responsables. « Il existe une abondante information à propos de la violence sexuelle

    qui se passe dans la plus absolue impunité à cause des accords bilatéraux et de l’immunité diplomatique accordée aux officiels des U.S. », déclare Renan Vega de l’Université Pédagogique de Bogota, corédacteur du rapport.

    Montoya dit que c’est ce qui rend ces soldats « intouchables », et leur a permis d’exercer et de maintenir « l’abus de pouvoir envers les femmes et les enfants ».

    Elle ajoute que l’augmentation de la prostitution forcée avait également tendance à se développer autour des bases militaires U.S.. Ces bases étaient, en général, établies à proximité de communautés rurales pauvres où les possibilités de travail ou d’études pour les femmes et les jeunes étaient réduites.

    Des études sur les droits des femmes ont montré que ces sortes de contrôles génèrent des effets psychologiques au long terme pour ceux qui en sont victimes, quand ceux-là même qui ont pour responsabilité de les protéger sont ceux par qui le crime est rendu possible, et que les civils sont livrés à eux-mêmes sans possibilité de demander que justice soit faite.

    Destruction de la famille

    Mais, plus inquiétant, encore, pour les défenseurs des droits humains, sur le terrain, est la destruction totale de la structure familiale.

    Cette situation est essentiellement le résultat du massacre des hommes des communautés, massacre qui laissait les femmes uniques soutiens de famille, mais aussi de la destruction massive des cultures de coca qui a laissé des milliers de paysans sans gagne-pain, les forçant à se déplacer pour trouver du travail.

    L’effet psychologique au long terme qu’ont eu ces pertes pour ces femmes est immense.

    « Il est évident que les femmes sont abandonnées avec ce poids, le poids émotionnel, après que leur famille nucléaire (noyau familial ait été affecté,) ait été affectée, mais également le fardeau économique qu’elles endossent en tentant de soutenir leur famille », dit Quintero.

    L’essentiel de ces conséquences s’est fait sentir chez les femmes de communautés rurales pauvres, là-même où se trouvaient les zones majeures du conflit guerrier. D’après Montoya, presque 30 à 40 pour cent des femmes dans les zones rurales sont seules avec enfants « parce que des groupes armés ont tué leur père, leur mari, leurs fils. ».

    « Quelles autres options les femmes ont-elles dans leurs foyers… Quelles options ont-elles dans leurs communautés ? Aucunes. Il n’y a pas de travail, il n’y a pas de possibilités d’étudier », dit l’avocat des droits humains.

    Ce sont des situations de ce type qui poussent les femmes vers la pauvreté, les forcent à migrer pour trouver du travail, ou les acculent à des activités comme la prostitution, ajoute Montoya. Indépendamment de cela, en marge de la violence, les connections familiales ont aussi été ruinées par la destruction des cultures qui a radicalement changé le mode de vie de milliers de communautés rurales. Cette partie du Plan Colombie qui a utilisé des techniques de fumigation avait pour but de diminuer la consommation de drogue aux U.S. en s’attaquant aux producteurs pour couper l’approvisionnement. Résultat : dans le collimateur, les cultivateurs de coca en Colombie ont vu leurs cultures traités par fumigation et détruites, sans qu’aucune aide de transition ne soit mise en place comme des cultures de remplacement où autre revenus. Les officiels n’avaient même pas compris que la coca connaissait des usages variés qui incluaient la nutrition, le médical, les cosmétiques, ils appliquaient l’interdiction totale du produit.

    Certaines études ont également montré que les femmes qui vivaient dans ces aires de fumigations avaient un plus grand risque de développer un cancer du sein ou du col de l’utérus, tandis que les hommes voyaient augmenter le risque de contracter un cancer de la prostate, dit Fensuagro’s Quintero.

    Assister à la destruction par fumigation de votre environnement et de votre mode de vie, « cela a des conséquences psychologiques et émotionnelles », dit Quintero. Ceci a vraiment causé un dommage énorme à la population colombienne, autant que le conflit armé dans lequel le pays a vécu durant tant d’années.

    Cette approche peut, aujourd’hui, être considérée comme un échec total. Les cartels continuent à bien se porter dans le pays. La Colombie est toujours considérée comme l’un des plus gros producteurs de cocaïne au monde. Et les U.S. sont toujours l’un des plus gros consommateurs.

    « Ça a été un moyen de chasser les petits producteurs, pas vraiment de trouver des solutions pour faire cesser le trafic de drogue », dit Quintero, ajoutant que le Plan Colombie « a affecté directement les agriculteurs, leurs droit au travail, leur droit à la vie et à la santé, tandis qu’il affectait aussi l’environnement. ».

    Quoi qu’il en soit, les études sur l’impact au long-terme sur le Plan Colombie ne sont pas légion. D’après Quintero, les gouvernements, en incluant l’administration actuelle du Président Juan Manuel Santos, n’ont jamais fait du financement de telles études une priorité.

    Aller de l’avant

     

    La Colombie va connaître de nombreux changements dans les mois qui viennent, sachant que le gouvernement et les guérilleros FARC veulent signer un accord de paix final pour le mois de mars. Mais beaucoup devra être accompli, dans un post accord, pour atteindre une situation, non seulement de paix, mais de justice et de réconciliation.

    Ceci implique réparation pour le mal commis durant les décennies passées comme, le femicide (les assassinats contre les femmes), la destruction des communautés et la terreur psychologique utilisée contre les populations civiles par les forces gouvernementales et paramilitaires.

    « Le conflit a émergé en raison de causes structurelles que sont les problèmes sociaux du pays » dit Montoya, beaucoup d’entre elles ayant été exacerbées au fil des ans, et non arrangées.

    Pour accomplir réellement les changements nécessaires au pays pour qu’advienne une paix durable, un réel investissement dans des programmes sociaux au long terme sont nécessaires pour consolider les communautés pour des années - pas dans le militaire ou le technologique, dit Montoya.

    Les agriculteurs membres de Fensuagro ont lancé des appels similaires aux gouvernements, tant locaux qu’internationaux pour accompagner les prochains pas de la Colombie.

    Leur plan comporte quatre volets : investir plus dans les études permettant d’identifier l’impact sur le long terme tant physiologique que psychologique du Plan Colombie et de la guerre ; reconnaître aux femmes le statut de victimes et entamer un processus de réconciliation ; trouver de nouveaux moyens de combattre le trafic de drogue, qui n’incluent pas que l’on cible le producteur ; aider les cultivateurs de coca à créer, avec la plante, des produits alternatifs qui soient commercialement viables ou favoriser la transition vers d’autres formes d’économie.

    Aujourd’hui, date anniversaire de la mise en œuvre du Plan Colombie, les autorités colombiennes et les U.S. discutent un nouvel accord surnommé Plan Colombie 2.0.

    Espérons qu’il ne ressemble en rien au premier.

    Source : TeleSur

    Traduit de l’espagnol par l’équipe de traducteurs d’Investig’Action

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  • Les escrocs de la radicalité, une guerre des Etats-Unis contre Cuba ? Non à Clinterminator

    Le Grand Soir
    Journal Militant d'Information Alternative
     
    Cette semaine
    Raúl Antonio CAPOTE
    Nous avons évoqué à plusieurs reprises dans le livre Ennemi et Guerre, dans des dizaines d’articles, dans divers médias, principalement numériques, le projet Genesis de la CIA qui vise à provoquer ou pour le moins aider à vaincre la Révolution cubaine. Il a fait l’objet de débats, de conférences, de discussions dans les universités de Cuba et d’ailleurs. Nous pourrions dire que ce thème est récurrent. Le danger de ce projet mérite d’y revenir autant de fois que nécessaire, de l’étudier, de s’en pénétrer (...) Lire la suite »
     
    Philippe ARNAUD
    J’ai suivi le journal télévisé de France 2 le 18 février 2014, présenté par Nathanaël de Rincquesen. Le deuxième sujet, après les manifestations d’agriculteurs, était la réforme du droit du travail. Voici comment elle était présentée : Nathanaël de Rincquesen : "On revient maintenant sur la réforme du droit du travail, qui doit être présenté, début mars, en conseil des ministres. Nous vous en parlions déjà hier. Laurent Desbonnets, bonjour : "Ce projet, porté par Myriam El Khomri, casse certains codes qui (...) Lire la suite »
     
    Maurice LEMOINE
    Ce que la droite et l’extrême-droite vénézuéliennes n’obtiennent pas par les urnes, elles tentent, depuis 2002 et le coup d’Etat avorté contre Hugo Chávez, de l’obtenir par la force. Ainsi, quand, le 13 avril 2013, le « Bolivarien » Nicolás Maduro est élu président de la République, son adversaire malheureux, Henrique Capriles Radonski, appelle les partisans de sa coalition, la Table de l’unité démocratique (MUD), à exprimer leur arrechera (rage, haine, violence) dans la rue. Ce nihilisme radical provoquera (...) Lire la suite »
     
    Glenn GREENWALD
    Peu à peu, l’élection de Jeremy Corbyn à la tête du Parti Travailliste de Grande-Bretagne a fait perdre aux élites politiques et médiatiques de ce pays ce qu’elles partagent d’esprit, et leur période de déconfiture, d’implosion, semble devoir se prolonger. Bernie Sanders se situe nettement moins à gauche que Corbyn ; en fait, leurs univers n’ont rien en commun. Cependant, sur les questions économiques en particulier, Sanders est un critique plus fondamental, plus systémique, que les centres du pouvoir (...) Lire la suite »
     
    Moon of Alabama
    La course vers Raqqa a commencé. La Syrie et ses alliés sont en concurrence avec le États-Unis et ses alliés pour arracher l’est de la Syrie à l’État islamique. Raqqa, dans l’est de la Syrie, est détenue par l’État islamique comme le sont les autres villes le long de l’Euphrate vers l’Irak. Vaincre l’État islamique à Raqqa, à Deir Ezzor, et dans d’autres villes syriennes de l’Est, et les libérer, est le but de tous les ennemis supposés de l’État islamique. Mais cette question doit être considérée dans un (...) Lire la suite »
     
    Une interview de Samah Jabr
    Samah JABR
    Le Docteur Samah Jabr, née à Jérusalem-Est, vit à Shufat en banlieue de Jérusalem et travaille en Cisjordanie. Issue de la première promotion en médecine de l’université palestinienne d’Al Quds (Jérusalem), elle est l’une des vingt psychiatres à pratiquer actuellement en Cisjordanie. Parallèlement à ses activités professionnelles, Samah Jabr écrit régulièrement des chroniques dans la presse internationale depuis la fin des années 1990. Elle a bien voulu répondre à nos questions. [Info-Palestine] (...) Lire la suite »
     
    Moon of Alabama
    Voici quelques enseignements intéressants qu’on peut tirer du vote des primaires du New Hampshire : Parmi les électeurs à qui l’honnêteté et la fiabilité importaient le plus, 91% ont choisi M. Sanders et seulement 5% ont choisi Hillary Clinton, selon les sondages. Elle a également obtenu des résultats médiocres parmi les électeurs en quête du candidat qui s’intéresserait le plus à des gens comme eux. Et, plus jeunes étaient les électeurs, plus ils avaient de doute concernant Mme Clinton : Elle a reçu le (...) Lire la suite »
     
    Etre radical, c’est aller à (ou partir de) la racine, aux causes
    Jean ORTIZ
    Il y a des escrocs de la sémantique comme il y des escrocs de la mémoire. Tous tentent de dépolitiser, de vider de son contenu de classe, de consensualiser, voire d’éliminer, la mémoire populaire, celle du monde des travailleurs. Au diable leurs visions du monde, les rapports de classe, les différentes formes de lutte, l’histoire ouvrière, la nécessité de se « connecter » à ce passé, de le faire vivre au présent. Il s’agit de nous priver des outils de compréhension, d’analyse, de maîtrise, de la (...) Lire la suite »
     

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  • Au Venezuela, les victimes du putschisme se battent contre l’impunité

     

    Depuis les dernières élections législatives du 6 décembre, la droite vénézuélienne a obtenu la majorité à l'Assemblée nationale. Elle vient d'approuver une "Loi d'Amnistie et de Réconciliation nationale". Avec cette loi, la droite poursuit une stratégie consistant à saper la stabilité du pays du Libertador Bolivar. En effet, il ne s'agit pas de libérer des prisonniers politiques – comme l'affirment ceux qui considèrent que le Venezuela est une dictature–, mais bien de libérer les principaux responsables des appels à l'opération de coup d'Etat lancés il y a deux ans sous le nom de code « la Sortie ».

     

    Légitimer le coup d’Etat

    C’est la date du 4 février, hautement symbolique pour la révolution bolivarienne (1), qui a été choisie pour la visite au Parlement européen à Strasbourg de l’épouse d’Antonio Ledezma, Mitzy Capriles. Mais Madame Capriles ne s’est pas contentée de chercher des soutiens pour le projet de loi d’amnistie qui a finalement été approuvé le 16 février dernier. Il s’agissait en réalité de renforcer le récit dominant qui présente son mari Antonio Ledezma ainsi que Leopoldo Lopez comme des victimes, en ignorant par là-même leur stratégie putschiste appelée « La Sortie » .

      Au cours de sa visite à Strasbourg, Madame Capriles s’est dite prête à "promouvoir le référendum révocatoire de Nicolas Maduro". Les porte-paroles de la droite vénézuélienne doivent s’assurer qu’ils ont le soutien sans faille de leurs partenaires européens afin de mettre en œuvre les instruments juridiques prévus par la Constitution bolivarienne. L’avantage de compter sur des partenaires « respectables » en Europe est, d’une part, que leur image est associée à la préoccupation d’assurer la démocratie et les droits humains, et d’autre part, c’est une façon de camoufler les liens entre la droite vénézuélienne et les États-Unis, notamment le financement considérable des ses activités à travers des ONG. Ce soutien de Washington, qui a été largement documenté par la journaliste Eva Golinger (2), reste essentiel à la stratégie de coup d’Etat « en douce ». Et l’Europe lui fournit aussi un alibi moral.

     

    Rétablir la vérité

    La députée Nora Delgado et deux porte-paroles du Comité des victimes des « guarimbas », qui regroupe les familles des victimes et les victimes directes des violences qui eurent lieu début 2014, ont récemment visité Bruxelles (1). Leur mission : restaurer la version des faits ignorée par l’UE. En l’espace de 45 jours consécutifs de violence, il y eut 43 morts et 878 blessés : des institutions publiques ainsi que des centres d’alimentation furent attaqués ; les routes et les autoroutes furent bloquées par des barricades qui empêchaient le passage des ambulances. Un centre de santé fut l’objet d’un incendie qui mit en danger la vie de 89 enfants âgés de 6 mois à 6 ans.

      "Une personne saine d’esprit ne ferait jamais cela à d’autres êtres humains. Ce fut une attaque délibérée, une tentative de meurtre arbitraire, commise en plein jour, dans des endroits où les gens travaillaient". (4) Les victimes exigent la justice et des sanctions. Ils affirment qu’un leader politique qui appelle ses partisans à descendre dans les rues pour commettre des actes de violence doit être tenu pour responsable de ses actions.

      Rafraîchissons-nous un peu la mémoire : après les résultats des élections présidentielles de 2013, par lesquelles Nicolas Maduro fut déclaré vainqueur à une faible majorité, le candidat Henrique Capriles appela ses partisans à ne pas reconnaître le résultat. Il les convoqua à une manifestation de protestation, et cette crise entraîna des violences qui firent 9 morts et 78 blessés.

      Le 31 octobre 2013, l’opération putschiste appelée « La Sortie » fut annoncée par Leopoldo López depuis la ville de Miami. En février 2014, Leopoldo Lopez et d’autres dirigeants de la droite appelèrent la population à descendre dans la rue jusqu’à ce que le gouvernement fût renversé. Le 1 avril 2014, Maria Corina Machado appela à son tour à une marche vers le centre de Caracas, suite à laquelle une attaque eut lieu contre le siège du Ministère du Logement. Des épisodes isolés de violence ? Les 5 municipalités où se déroula l’action des guarimbas étaient celles des maires de l’opposition : Chacao, Valencia, San Cristobal, El Hatillo et Bareta.

      Enfin, l’examen d’un document de 15 points appelé "Plan stratégique du Venezuela" atteste que « La Sortie » était une opération planifiée et supervisée depuis l’étranger (5). Y figuraient le cachet d’un cabinet états-unien, FTI Consulting ; et celui de deux fondations liées à l’ex président colombien de droite Alvaro Uribe : La Fondation « Pensamiento Primero Colombia » et la Fondation « Internacionalismo Democratico ». Rappelons qu’au moment de quitter le pouvoir dans son pays, Uribe déclara qu’il "n’avait pas eu le temps d’intervenir militairement" dans le pays voisin. Chavez répondit alors que ce qui lui avait manqué n’était pas le temps mais « d’avoir eu les couilles » de le faire.

      La connexion entre certains acteurs d’extrême droite impliqués dans les « guarimbas » et Alvaro Uribe a été amplement démontrée, comme dans le cas du prisonnier Lorent Saleh qui reçut une formation militaire en Colombie, tandis qu’en 2014 il fut présenté comme étudiant et président d’une ONG appelée « Opération liberté". (6)

     

    Le prisonnier Lorent Saleh, à côté de l’ancien maire Antonio Ledezma et d’Alvaro Uribe

     

    "Qui connaît Elvis Duran ?"

    La porte-parole du Comité, Desiree Cabrera, dénonce la version médiatique dominante selon laquelle il y eut uniquement une répression des militaires envers les étudiants. "Des bombes furent lancées, des institutions bancaires détruites...Il y avait même des péages pour passer" ; "L’intention de tuer des gens était claire. Des objets tranchants furent placés dans les rues pour décapiter les personnes motorisées." (7) Les manifestants utilisèrent des tactiques de combat en zone urbaine, comme soulever les égouts pour faire tomber les conducteurs de moto. Une victime fut décapitée et plusieurs personnes décédèrent en se fracassant contre les barricades. 9 fonctionnaires des Forces armées bolivariennes et un procureur furent tués dans l’exercice de leurs fonctions à la suite de tirs de snipers.

      Le Comité des victimes des guarimbas a entrepris une série d’actions contre les autorités municipales. "Ils devaient protéger les personnes de toute la ville, sans faire de distinction sur leur orientation politique." Il révèla que les maires de l’opposition ainsi que la police locale ne se contentèrent pas seulement de ne prendre aucune mesure pour prévenir la violence, mais qu’ils participèrent aux manifestations en encourageant le vandalisme. Ainsi, les deux maires, Antonio Ledesma et Daniel Ceballos, ainsi que le leader de Primero Justicia, Leopoldo Lopez, furent arrêtés et jugés pour avoir incité à la violence. En outre, d’autres fonctionnaires qui utilisèrent la violence ont été l’objet d’enquêtes et jugés comme étant les auteurs directs des meurtres.

      Mais le cas de Leopoldo Lopez mérite une attention particulière. Dans les années 90, López fréquenta la Keneddy School of Government de l’Université Harvard. Selon le journaliste canadien Jean-Guy Allard, cette institution est connue pour être l’endroit où sont recrutés de nombreux agents de la CIA. (8) Là, Lopez aurait connu des spécialistes en opérations militaires de contre-insurrection. (9) Lopez est aussi le cousin de Thor Halvorssen qui, en 2005, fonda l’ONG Human Rights Foundation, avec l’appui et le financement des États-Unis. Leopoldo Lopez participa au coup d’État et à l’enlèvement de Hugo Chavez en avril 2002 mais il put bénéficier d’une amnistie fin 2007.

     

    Leopoldo Lopez en train d’annoncer l’opération "La Sortie"

      Désirée Cabrera met en évidence un paradoxe : « Tout le monde connaît déjà le nom de Leopoldo Lopez...mais qui connaît celui d’Elvis Duran ? » Les victimes dénoncent le projet de loi d’amnistie porté par la droite vénézuélienne, qui vise à libérer les acteurs impliqués dans l’incitation au délit. Si les gens savaient qu’Elvis fut décapité à cause d’un plan macabre des guarimbas, il serait plus difficile que les campagnes médiatiques en faveur de l’amnistie de prisonniers tels que Lopez et Ledesma aient tellement d’écho. C’est pourquoi le député chaviste du Grand Pôle patriotique a justifié le vote d’opposition de son groupe à l’Assemblée Nationale, en baptisant cette loi de « Loi d’Amnésie Criminelle".

     

    La lutte contre l’impunité

    Sans programme ni leadership, la droite vénézuélienne qui participa au coup d’Etat de 2002 n’a jamais cessé de jouer avec le feu. En 2015, l’opposition a répété ad nauseam qu’elle n’allait pas reconnaître le résultat des élections législatives... jusqu’à ce que les résultats soient en sa faveur. Grâce au rôle actif des médias privés et à cause du mécontentement de la population provoqué par la guerre économique, la droite a remporté les élections législatives. Maintenant elle peut multiplier ses provocations depuis un endroit privilégié, ayant retrouvé une certaine crédibilité... mais, pour combien de temps ?

      Au fur et à mesure que la droite acquiert confiance en elle, la fabrication d’un discours de propagande par le monopole de la presse privée contre la révolution bolivarienne développera une approche beaucoup plus agressive et sophistiquée. En 2014, lors du phénomène appelé « guarimbas », les actes de violence allèrent de pair avec l’utilisation de techniques de désinformation massive, nous confortant dans l’idée d’une révolte généralisée du peuple contre un gouvernement répressif. Ce scénario visait à éveiller la sympathie internationale envers de prétendues « victimes ». Le plan a échoué et ses responsables ont été emprisonnés.

      On pourrait se demander pourquoi, deux ans plus tard, les vraies victimes sont encore l’objet de campagnes de harcèlement et de désinformation. Peut-être parce que les principaux acteurs dans le scénario du plan La Sortie prétendent lui assurer une continuité ? Si un scénario similaire devait se reproduire, les médias internationaux essaieraient par tous les moyens d’occulter la chronologie des événements que nous venons de passer en revue.

      C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en lumière les événements de février 2014 et d’établir exactement qui furent ses responsables. C’est une condition nécessaire pour le respect de la paix et de la justice au Venezuela. La stratégie continuelle de mépris et de harcèlement médiatique, ainsi que les manipulations de la droite contre les victimes des « guarimbas » et leurs familles, sont un nouvel épisode du coup d’Etat en cours contre la révolution bolivarienne.

      Notes :

    1) 4 DE FEBRERO DE 1992, REBELIÓN CÍVICO MILITAR

    2) US Aggression Against Venezuela : Fact, Not Fiction, TeleSur, 25 Février 2015

    3) Conférence de presse de la deputée Nora Delgado et le Comité de victimes ds guarimbas, Club de la Presse de Bruxelles, 28 janvier 2016.

    4) Ibid.

    5) https://actualidad.rt.com/opinion/e...

    6) https://www.youtube.com/watch?v=uWR...

    7) Conférence de presse de la deputée Nora Delgado et le Comité de victimes ds guarimbas, Club de la Presse de Bruxelles, 28 janvier 2016.

    8) http://www.contrainjerencia.com/?p=82952

    9) http://www.ahora.cu/fr/rubriques/mo...

      Source : Investig’Action

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  • Les USA n’acceptent que les dirigeants à leur botte.

     

    Le 23 juin 2009, Obama et Hillary Clinton ont obtenu ce qu’ils recherchaient depuis des mois aux Honduras : le renversement du président progressiste démocratiquement élu, Manuel Relaya, par des militaires putschistes à la solde des USA. Ce coup d’Etat avait été préparé par des manifestations suscitées par des organisations de la société civile financées par Washington au titre de l’aide à la démocratie et à la défense des droits de l’Homme.

    Cette méthode est devenue un classique de la politique étrangère US. Alors qu’on nous inonde quotidiennement du moindre fait divers survenu aux USA, nos médias passent sous silence le travail de sape conduit par Washington dans les pays où ils veulent obtenir un « changement de régime » (« regime change », selon la doctrine en vigueur là-bas).

    La Bolivie est dans le collimateur :

    L'opposition bolivienne reçoit de l'argent et des consignes de la part des Etats-Unis afin de renverser le président légitime Evo Morales et son gouvernement, a annoncé mardi la ministre bolivienne de la Communication, Marianela Paco.

    A titre d'exemple, elle a cité un document prévoyant 23 actions concrètes à effectuer pour parvenir à cette fin, rapporte l'agence Prensa Latina.

    Baptisé Plan stratégique pour la Bolivie, ce document a été rédigé par l'Interamerican Institute for Democracy dirigé, entre autres, par Carlos Sanchez Berzain, ex-ministre bolivien réfugié aux Etats-Unis et accusé dans sa patrie d'avoir participé à un massacre en octobre 2003, sous le gouvernement de Gonzalo Sanchez de Lozada.

    "Nous avons des preuves irréfutables, premièrement, au sujet du financement qu'ils (les opposants) reçoivent pour mener une campagne négative contre la démocratie et, deuxièmement, au sujet des liens directs de l'opposition avec Carlos Sanchez Berzain", a déclaré Marianela Paco lors d'une conférence de presse au Palais du gouvernement.

    Le Plan stratégique pour la Bolivie affirme notamment que la démocratie en Amérique latine "a été dérobée par des gouvernements populistes et néolibéraux qui interdisent, étouffent et font craindre la pensée libre", mais oublie de dire que ces gouvernements ont tous été élus à la suite d'un vote démocratique.

    Le document appelle en outre à "provoquer des troubles" au moyens de messages postés sur les réseaux sociaux afin de "stimuler le mécontentement social".

    Pour démontrer l'implication d'opposants boliviens dans la campagne calomnieuse orchestrée depuis les Etats-Unis, Marianela Paco a cité les propos tenus par la députée du Parti démocrate-chrétien Norma Pierola et son collègue de l'Unité démocratique Amilcar Barral. La première avait déclaré qu'il n'y avait pas de crime à recevoir des fonds de l'extérieur et le second avait confirmé que les personnalités politiques de l'opposition entretenaient des contacts permanents avec Carlos Sanchez Berzain.

    Il y a exactement une semaine, le président bolivien a accusé l'opposition de recevoir des fonds servant à financer les campagnes électorales d'hommes politiques de droite qui avaient fui la Bolivie et qui bénéficiaient du soutien de Washington.



    Lire la suite: http://fr.sputniknews.com/international/20160120/1021079142/bolivie-les-usa-oeuvrent-au-renversement-du-president-legitime.html#ixzz3zOEPW9QH

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    Aujourd'hui face à l'Union européenne "rester assis, c'est se mettre à genoux." Yannis Youlountas

    "Ce qui me frappe le plus, c'est la résignation de notre société à ne pas comprendre" Marcel Gauchet

      « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple …le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».

                        Article 35 de la Déclaration des droits de L’Homme et du citoyen  24/06/1793

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  • « Le bombardement chirurgical ou tactique n’existe pas »

     

    Guha-Sapir est la directrice du Centre de recherche sur l'épidémiologie des désastres. Elle a publié en septembre dernier un rapport sur les victimes tuées en Syrie.

     

    Sur la photo : Guha-Sapir. Par David Fernandez

    Vous avez publié en septembre dernier un rapport sur les victimes tuées en Syrie. Comment a été reçu ce rapport ?

     

    Notre intention en réalisant cette étude était d’attirer l’attention du grand public, au moins le grand public informé qui lit ce que publie la presse au sujet de l’étude, afin qu’il soit conscient des implications d’un bombardement sur un pays. Je crois que nous aurions été naïfs si nous avions pensé y arriver, mais au-delà de l’intérêt scientifique de l’étude, nous voulions que les Européens et les Américains soient conscients qu’ils sont responsables des conséquences du bombardement.

    Le récent bombardement d’un hôpital à Kunduz en Afghanistan confirme nos résultats. Ce que nous avons dit de manière implicite dans notre étude est que, selon nos chiffres, le bombardement chirurgical ou tactique n’existe pas. Le résultat du bombardement a été la mort de civils, de femmes et d’enfants. Ça c’est la réalité. 22 personnes, patients et soignants, sont mortes suite à cette frappe. Je ne peux pas en arriver à dire que les cibles étaient les enfants et les femmes, en revanche je peux affirmer que les rebelles ne semblent pas avoir été la cible.

    Vous avez également étudié l’impact que les conflits armés sont en train d’avoir sur les sociétés. Quelles sont vos conclusions ? Ces sociétés sont-elles récupérables ?

     

    Si l’on prend le seul exemple du Moyen-Orient, notre expérience nous montre qu’il n’y a aucune récupération possible. L’Irak est en ruines depuis 15 ans. La Libye est dans un état tellement chaotique...Elle a très mauvaise mine. Il est très difficile de dire combien de temps vont durer l’instabilité ou la guerre au Moyen-Orient.

    D’un autre côté, regardons les exemples de pays en Afrique qui ont traversé de nombreuses années de guerre civile : le Mozambique, l’Angola, la Sierra Leone, le Liberia, sont des pays qui ont connu de longs et sanglants conflits. Et maintenant, ce n’est pas qu’ils sont devenus des pays riches, mais la violence a en grande partie disparu. Ce qui s’est passé (et qui se passera en Syrie aussi), c’est que la guerre détruit les infrastructures et que les personnes qui ont une certaine éducation se voient forcées de fuir le pays. Les Syriens qui arrivent en Europe font partie de la classe moyenne : instituteurs, infirmières, mécaniciens... Cette population s’en va et c’est leur pays qui en pâtit. Ce qui a été un défi en Afrique et qui va en devenir un pour la Syrie c’est la perte du capital humain.

    La majorité des personnes qui ont fui la Syrie se retrouve désormais dans les pays limitrophes. De quoi ont-ils besoin ? Comment y vit-on jour après jour ?

     

    En Turquie, en Jordanie... Plus de 2,5 millions de réfugiés se trouvent dans ces pays, beaucoup plus qu’en Europe. Il est intéressant de noter deux choses : les réfugiés syriens qui ont franchi la frontière sont dans des conditions meilleures, ils font partie de la classe moyenne ou populaire-moyenne et ont eu les moyens de voyager depuis le centre de la Syrie jusqu’à la frontière et l’ont franchie. Parce que la Syrie n’est pas l’Afrique, les conditions sanitaires y sont similaires à celles que l’on trouve dans certains pays d’Europe. Les gens avaient accès à une bonne éducation, à de bonnes conditions sanitaires et donc ces 2,5 millions de réfugiés sont en général en bonne condition. Et une fois que tu as passé la frontière, tu as le droit à la protection de l’ONU. Chaque fois que tu passes la frontière tout va bien. Mais lorsqu’il s’agit de faire l’inverse, c’est là que les problèmes commencent.

    Tu as environ 4,5 millions d’individus (cela donne en tout sept millions de personnes d’un pays qui en compte 20 millions) coincées en Syrie à cause du manque d’argent, du manque d’information, de l’analphabétisme, ou pour quelque autre raison. Ce sont ces personnes-là qui sont en danger.

    De ce que je sais, l’aide qui est offerte aux réfugiés de Syrie dans des pays limitrophes est meilleure dans certains pays que dans d’autres. De ce que je sais, au Liban et en Jordanie la situation est chaotique du fait des campements qui ne sont pas en très bon état et qui ne sont pas très organisés. Ce qui risque probablement d’arriver c’est que ces réfugiés entrent en conflit avec la population locale, pas tant au niveau politique (entre chiites et sunnites), mais plutôt parce que ce sont sur les autochtones que cette présence se fait ressentir, tout simplement. Nous l’avons vu en Asie lors de la guerre du Vietnam, mais aussi au Darfour : l’aide étrangère arrive, avec des équipements et des médicaments en passant par des zones qui n’ont pas accès à cela, elle va directement jusqu’au camp et permet d’offrir des soins. Lorsque la population locale commence à dire : « Oh, attends, pourquoi ces personnes reçoivent-elles ces soins alors que nous, nous n’arrivons même pas à voir le médecin parce qu’il ne vient que deux heures chaque matin ? » Cela crée des différences. Il existe une règle internationale, j’ignore si elle est appliquée ici ou pas, qui consiste à donner aussi aux gens qui habitent autour des camps la possibilité d’accéder aux soins, mais la charge de réfugiés dans ces pays est déjà très élevée.

    Le Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres est une référence au niveau international sur la question de la gestion des catastrophes climatiques. Ces catastrophes ont-elles augmenté ? Est-ce que l’on peut déjà les mettre en relation avec le changement climatique ou devons-nous être plus prudents ?

     

    Si je regarde la tendance générale sur les catastrophes climatiques dans plusieurs pays, je vois que les inondations augmentent, oui. C’est la catastrophe qui s’est le plus multipliée dans le monde, y compris en Europe (les inondations qui ont lieu en France il y a quinze jours ont provoqué la mort de 20 personnes, ce qui est beaucoup pour un pays développé comme la France). L’autre catastrophe qui a je crois une relation directe avec le changement climatique et qui a beaucoup à voir avec les tensions sociales, bien que les médias ne le rapportent pas souvent ou bien le font trop tard, c’est la sécheresse. On n’aime pas parler de la sécheresse, ce n’est pas spectaculaire comme les séismes ou les tornades qui laissent les maisons en mille morceaux, mais la sécheresse...il n’y a pas grand chose à dire sur la sécheresse, on n’en parle pas beaucoup. La sécheresse est très nuisible car, si elle s’aggrave, on la qualifiera même de dramatique si des personnes s’évanouissent mais, si elle ne fait que s’aggraver, elle fait se déplacer des individus, des centaines de milliers de personnes migrent. C’est ce qui s’est passé en Afrique en 2011. Lorsque les personnes se déplacent, l’agitation sociale civile surgit. Dans le passé, des révoltes politiques qui ont fait tomber des régimes ont été déclenchées par des sécheresses. Avec la sécheresse, les ruraux se déplacent jusqu’à la ville et c’est ce qui déclenche l’agitation politique.

    En Asie, les inondations sont un problème assez fréquent. Quand il y a des inondations en zone rurale, les gens migrent jusqu’à la ville où ils n’ont ni droits, ni terres, et où personne ne s’occupe d’eux, et ils en viennent à bâtir des bidonvilles. C’est une pression qui provoque ensuite des bagarres et des fusillades. Alors si tu regardes un peu plus loin que les catastrophes climatiques, et pas seulement les trois jours qui suivent celle-ci, la migration due aux désastres climatiques a des conséquences politiques.

    Quelles étaient vos attentes concernant le Sommet sur le climat à Paris (COP21) ?

     

    Je crois que l’Europe est un problème marginal quand on regarde la carte globale. Je ne veux pas dire que c’est bien que les gens viennent en Europe. Nous essayons de faire passer le message aux autorités de l’UE qu’il faut qu’ils fassent plus d’efforts au niveau des pays d’origine. Cela ne sert à rien d’ériger des barrières, ni à court terme ni à long terme, la solution se trouve au niveau du pays d’origine, c’est là que l’on a besoin de leur engagement.

    Pour revenir au sujet de la COP à Paris, nous y avons participé. C’était la vingt-et-unième réunion, cela fait beaucoup de réunions. J’étais au Sommet de Copenhague, nous étions des milliers et des milliers de personnes. Je ne veux pas penser à l’empreinte carbone, les gens arrivent en avion, tu as beaucoup de réunions auxquelles assistent de nombreuses personnes. Je crois qu’à Copenhague il y avait 80 ou 100 mille personnes. Je n’arrive pas à voir quelles répercussions ces réunions ont eues sur la population en Afrique, ou en Asie par exemple. Peut-être qu’il y en a eu, et ce serait merveilleux, mais moi je ne les vois pas. Je crois qu’il y a une chose à laquelle on n’a pas assez prêté attention c’est que le débat stagne à un niveau stratosphérique. Tu es à Copenhague ou à Paris et on discute de sujets qui n’ont pas beaucoup de rapport avec ce qui se passe dans une commune du Guatemala, du Vietnam, de l’Afrique ou de l’Inde par exemple. On ne fait pas assez d’efforts pour se retrouver à la croisée des chemins, pour voir comment ce problème peut être abordé dans les cinq ou dix ans à venir (et pas dans 50 ou 100 ans). Les personnes les plus touchées par le changement climatique doivent se rendre au collège dans les prochaines années, ils doivent se nourrir. Je crois que la COP21 doit trouver des solutions plus pragmatiques.

    Guha-Sapir, lors de l’entretien

    Qu’a-t-on appris des désastres provoqués par le changement climatique ?

     

    La seule conséquence de la présence internationale que j’ai notée au sujet du changement climatique concerne les initiatives de développement, qui ont de nouveau le vent en poupe, et qu’on exécute sans réfléchir : on construit trop d’autoroutes dans une zone où le sol n’absorbe pas l’eau correctement, et qui se traduit par des inondations dans cette zone. L’intervention armée de la communauté internationale n’a quasiment jamais eu de résultat positif. Il y en a eu, oui, comme en Sierra Leone par exemple. Mais en Irak ou en Libye... ç’a été des échecs cuisants. Je crois que si on s’apprête à éliminer ou à déstabiliser l’individu qui dirige l’état, tu as besoin d’un plan. Si l’on n’en a pas, alors ce n’est pas la bonne solution. Maintenant, si on élimine le président de la Syrie, on se retrouvera avec 160 groupes de rebelles qui sont en train de s’entretuer.

    Ces désastres ont-ils des effets spécifiques pour les femmes ?

     

    C’est une chose que nous avançons, mais nous n’avons pas de chiffres. En situation de guerre ou d’urgence, où tu dois te déplacer et te déplacer rapidement, le problème est que les femmes, et en particulier les femmes jeunes, ont deux ou trois enfants en bas âge, et il est totalement impossible pour une femme de se déplacer avec deux enfants en bas âge, elles n’ont que deux bras, c’est un problème pratique, tu tiens un enfant par la main et l’autre dans tes bras, tu ne peux pas te rendre depuis ton village jusqu’à l’endroit où la nourriture est distribuée, à 40 km de là ; tu n’as pas encore de maison, tu dois bouger (sans même compter les autres objets que tu dois transporter). Ceci est un obstacle absolu, c’est très important, c’est ce qui rend les femmes vulnérables. Les femmes sont fortes – je ne parle pas de force physique – dans les pays pauvres les femmes sont fortes, mais avec deux très jeunes enfants tu ne peux pas bouger. Ils bombardent ton village en Syrie et toi tu ne peux pas bouger.

    On a aussi l’habitude de souligner le fait qu’elles sont plus solidaires et qu’elles gèrent mieux l’aide humanitaire.

     

    L’aide que l’on fournit aux femmes est mieux utilisée, et pas seulement en situation d’urgence, dans une situation normale également. Les femmes sont des meilleures gestionnaires. Si tu as un camp de réfugiés qui compte 30 000 personnes, avec des assemblées (les camps sont divisés en quartiers et chaque quartier a son chef), les femmes, bien qu’elles soient analphabètes se sont révélé être de formidables gestionnaires. C’est pour cela qu’on essaie qu’il y ait une femme à la tête des quartiers, on lui donne les moyens et l’autorité, et cela fonctionne magnifiquement bien. Je crois qu’on ne les utilise pas assez. En parlant avec une ONG américaine avec laquelle nous collaborons, l’International Rescue Committee, une des études que nous avons réalisée ensemble en Ouganda donne des résultats intéressants : comme le niveau d’analphabétisme des femmes est assez élevé (on ne facilite pas l’accès aux femmes à l’éducation), si la condition pour être agent d’une ONG dans le village est de savoir lire et écrire, tu peux être sûre que les femmes seront recalées.

    Entretien réalisé à la Casa Encendida de Madrid, à l’occasion de l’inauguration du cycle « Crises oubliées ». Traduit de l’anglais par Mariajo Castro pour Diagonal et de l’espagnol par Rémi Gromelle pour Investig’Action

    Source : Diagonal

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