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Monde - Page 14

  • Evo Morale : les accusations mensongères de François Lenglet sur France 2

    Émission "Des paroles et des actes"

    France 2, jeudi 26 mai 2016


    Le journaliste François Lenglet, face à Jean-Luc Mélenchon, déclarait à l'émission "Des paroles et des actes"  « Evo Morales, président de la Bolivie, est aujourd’hui empêtré dans des scandales de corruption considérables. […] C’est un corrompu. […] La petite amie de M. Morales, qui est la mère de son fils, a bénéficié de 500 millions de dollars de commandes publiques, allez m’expliquer que tout cela est normal ! ». Jean-Luc Mélenchon est présenté comme le soutien d'un «corrompu», afin de le discréditer.

    Cette accusation de corruption a été lancée  par l’ancien chef des services de renseignements boliviens (1989-1993) Carlos Valverde, reconverti en « journaliste »,  à la veille d’un référendum qu’il s’agissait de faire perdre au président Morales.  Ce qui hélas a réussi. 
    Mais une commission parlementaire bolivienne mixte a rejeté toute accusation de « corruption » à l’encontre du président bolivien.  Le 11 mai, un article du Figaro rendait compte de cette affaire : « le Parlement bolivien a blanchi, hier, le président Evo Morales d'accusations de trafic d'influence en faveur de son ex-compagne Gabriela Zapata. Les parlementaires ont approuvé le rapport d'enquête d'une commission mixte selon lequel «toutes les procédures d'attribution de contrats à l'entreprise chinoise CAMC se sont déroulées dans le cadre légal ». Le lendemain, un article de Paris Match confirmait les faits.

    La déclaration de François Lenglet devant des millions de téléspectateurs, relève du délit de diffusion de nouvelles fausses (Délit de publication et diffusion de nouvelles fausses et de pièces fabriquées ou falsifiées, art.27 de la loi du 29 juillet 1881). L'ambassadeur de Bolivie à Paris a exprimé son indignation aux propos du journaliste de France 2. Il exige des excuses de la part de France Télévision. Il convient de poursuivre M. Lenglet devant les tribunaux, pour diffusion de fausses nouvelles .

    Nous dénonçons aussi d'autres manipulations d'informations  effectuées par les journalistes de France 2. Au cours de cette même émission sont invités deux "citoyens ordinaires"  pour témoigner et poser une question à Jean-Luc Mélenchon . Le boulanger et l'agricultrice nous sont présentés comme des gens du peuple, des travailleurs plutôt sympathiques. Ils défendent  la loi El Khomri qui est selon eux une avancée pour les employés et les employeurs. On apprendra un peu plus tard que le boulanger a une belle entreprise de 20 salariés et qu'il est le fournisseur de l'Elysée ! Comment pourrait-il dire du mal de son meilleur client ? Quant à l'agricultrice qui cultive 150 ha de céréales, elle est vice-présidente des Jeunes Agriculteurs,  on comprend qu'elle défende le système : son syndicat est associé à la puissante FNSEA et les céréaliers reçoivent de confortables aides de l'Union européenne !

    Que conclure d'un service public qui combine mensonges et manipulations pour discréditer un homme politique, pour dénigrer toute opposition à la pensée unique et prendre les auditeurs pour des imbéciles ? Les « chiens de garde » sont toujours présents.  

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  • Amérique latine, entre coups d’État et résistance

     

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    Aujourd’hui, les Etats-Unis et l’oligarchie latino-américaine ont changé de stratégie; alors que nous avions jusqu’à présent affaire à des dictatures sanguinaires, le pouvoir est désormais entre les mains des plus riches.

    Pour s’imposer, les «guerres sales» et le Plan Condor (1) sont remplacés par de nouveaux moyens mis en œuvre tels que la manipulation médiatique; l’objectif poursuivi est l’assujettissement des masses (la classe moyenne latino-américaine) qui, par leur indifférence à l’égard des mesures prises, représentent des cibles faciles à exploiter.

    Sans se poser de question, ces masses, classistes et racistes, votent pour des mesures qui, à leurs yeux, n’affecteront que les gens les plus vulnérables; elles ne verront rien venir lorsque les «vautours» n’auront plus besoin d’elles après les avoir utilisées pour servir leurs intérêts…

    Voici quelques exemples révélateurs de cette nouvelle «ère»: opposition au référendum en Bolivie, investiture de la nouvelle Assemblée nationale au Venezuela, Macri devenu président de l’Argentine, tentative de coup d’Etat contre Dilma au Brésil… Sans parler des présidents néolibéraux dans le reste du continent.

    Dans ces pays, où les représentants sont démocratiquement élus, les Etats-Unis n’ont à aucun moment eu recours à l’instauration d’une dictature ; ils ont été plus stratégiques et ont fait usage de la télévision, la radio et la presse écrite de manière intelligente et adéquate, sans se hâter. Ils n’ont eu qu’à semer le chaos pour faire régner la terreur au sein des différentes nations.

    Aujourd’hui, nous assistons à un pillage d’ordre industriel avec pour objectif principal l’extraction des ressources naturelles. C’est pour cette raison que les mouvements sociaux et les paysans, désireux de protéger leur eau et leur terre, sont opprimés à travers le continent. Les écocides sont à l’ordre du jour et l’industrie minière est exploitée avec l’autorisation des gouvernements en place. Les politiques économiques ont été modifiées de sortent que les investissements, auparavant destinés à l’éducation, la santé, l’emploi et le logement, sont désormais employés pour la «sécurité» qui, en réalité, porte atteinte aux citoyens en les privant de toute contestation et activisme social.

    La résistance opposée par les gouvernements progressistes n’est pas au goût des Etats-Unis qui, sous le couvert de la démocratie, ont manipulé les masses et sont parvenus à renverser le gouvernement de Lugo au Paraguay et celui de Zelaya au Nicaragua; leurs prochaines cibles sont Maduro, Dilma, Evo et Correa. Lors de sa visite à La Havane, le président américain est même allé jusqu’à dire que Cuba devait libérer son peuple du socialisme, alors que c’est précisément le socialisme qui permet à l’île de figurer parmi l’un des endroits les plus libres au monde.

    Comme le continent latino-américain est toujours marqué par le colonialisme, la ségrégation, la séparation entre les classes, une fragilité politique et un fossé culturel important, le néolibéralisme n’a aucune difficulté à se frayer un chemin, en toute impunité, où la dignité humaine et la loyauté n’ont pas leur place. Quant à eux, les gouvernements progressistes se battent pour mettre en place des réformes politiques afin de permettre au continent de mettre de côté son passé dictatorial et d’avancer de l’avant.

    Pour résoudre les problèmes sociaux et remédier à l’instabilité politique et culturelle, ils mettent en œuvre tous les moyens disponibles: ils offrent aux plus démunis du travail, de la nourriture, l’accès à l’éducation et à un logement; ils condamnent et emprisonnent les tortionnaires et les criminels… Peut-on citer un seul gouvernement néolibéral qui serait réellement prêt à investir des moyens dans le développement de son pays, dans la culture, l’éducation ou encore la santé?

    Même si ces gouvernements ne sont pas parfaits et qu’ils leur reste encore beaucoup de chemin, il ne faut pas mettre dans le même sac ceux qui ont trahi la révolution et ceux qui sont au pouvoir. La corruption est effectivement présente au sein du gouvernement, et ceux qui sont impliqués se retrouvent dans la plupart des cas à Miami, où ils deviennent millionnaires. Au Brésil, la cible des néolibéraux n’est pas Dilma ou Lula ; ils s’en prennent en réalité au progrès du peuple brésilien.

    La presidente Dilma Roussef a dénoncé les corrompus, dénonciation qui a donné lieu à une tentative de coup d’Etat pour permettre à ces mêmes corrompus de prendre le pouvoir. En réalité, c’est très simple: les présidentes Dilma, Cristina et Bachelet ont à plusieurs reprises été attaquées juste parce qu’elles sont des femmes. D’ailleurs, le système de patriarcat est probablement l’un de nos plus gros problèmes qui nous affecte tous et c’est dans cet état d’esprit que nous vivons; nous devons impérativement nous défaire de cette norme qui prône la misogynie et le machisme, car c’est cette mentalité qui rend la présidente Dilma vulnérable à toutes ces attaques et qui méprise son intelligence, son intégrité et sa personne.

    Les tentatives de coup d’Etat ont toujours été présentes, et les attaques sournoises auxquels nous sommes exposés ne cesseront jamais,… Les détracteurs sont parmi nous, et ils tentent de s’emparer des votes afin de satisfaire leur désir de séparation entre les classes. Notre double-morale et notre fainéantise lorsqu’il s’agit de réaliser une analyse sur nous-mêmes font de nous des marionnettes qui servent de diversion à ceux qui nous utilisent comme bon leur semble. Restons dans notre état de léthargie pendant qu’ils se moquent de nous.

    Parmi les autres nouvelles, Cristina est de retour! Elle prouve ainsi que l’activisme vaut à tout instant et sera toujours avec le peuple. C’est une sonnette d’alarme pour Macri et sa horde de «vautours», pour la droite au Brésil et aux Etats-Unis car les 50 millions de Brésiliens qui ont voté pour Dilma ne se laisseront pas faire. Quels moyens vont-ils utiliser pour les faire taire? Commettre des atrocités et ensanglanter le pays? La Révolution bolivarienne est toujours debout. S’ils n’ont pas réussi à s’emparer de notre Grande Patrie après 500 ans d’invasion et de génocides, ce n’est pas maintenant qu’ils y arriveront.

    Note:

    1) Sur le Plan Condor, lire cette interview de Martin Almada

    Ilka Oliva Corado est une journaliste et écrivaine guatémaltèque basée aux Etats-Unis

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    Lire aussi cette interview d’Ilka Oliva Corado:

    « La réforme de l’immigration d’Obama est de la pure hypocrisie » 

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  • Equateur: la ruée vers l’or de quatre étudiants bruxellois

     


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     Dans le cadre de leur travail de fin d’études, quatre étudiants en journalisme à Bruxelles s’envolent fin juin en Équateur pour y réaliser durant un mois un reportage : « Ecuador, l’or de la révolution ». La question : Dans un pays où les matières premières sont, de loin, la principale source de richesses, comment parvenir à trouver un équilibre entre justice sociale et environnementale ?

     

     C’est un projet original, qu’est ce qui vous a motivé à le développer ?

    Nous avions tous les quatre une certaine attirance pour l’Amérique latine et plus spécialement pour le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur où de nouvelles expériences politiques ont vu le jour. Nous pensons qu’il y a un manque d’intérêt évident de la part des médias européens. Ces pays sont soit confrontés au silence médiatique, soit critiqués de manière condescendante et partiale. C’est ce qui nous a marqués dans le documentaire « Opération Correa » de Pierre Carles. Nous souhaitions donc découvrir la situation de nos propres yeux, confronter ce que nous avons lu depuis Bruxelles à la situation sur place et aux témoignages de la population.

     

    Pouvez-vous nous parler de la difficulté principale face à laquelle se trouve le gouvernement équatorien ?

    Arrivé au pouvoir fin 2006, Rafael Correa a remis la main sur les bénéfices de l’exportation du pétrole et des autres matières premières pour les allouer à de nouveaux programmes sociaux, à l’éducation, aux soins de santé et à l’investissement dans les infrastructures plutôt qu’au remboursement de la dette. Une décision qui a rencontré une grande popularité auprès de la population puisqu’elle a permis de réaliser des projets ambitieux et de reconquérir la souveraineté du pays sur ses ressources premières.

    Les cours du pétrole et des autres matières premières n’étaient cependant pas destinés à augmenter indéfiniment… Face à la chute de ces cours, le gouvernement peine à honorer ses promesses et s’est vu forcé de contracter de nouveaux emprunts auprès de la Chine et d’engager plus de projets d’extraction.

     

    Quel genre d’initiatives le gouvernement Correa a-t-il pu mettre en place ?

    Pour penser la sortie de l’extractivisme et avec lui du capitalisme, l’Équateur a décidé d’investir dans l’éducation en créant des universités d’État. Le but de cette création est de mettre un terme à la fuite des cerveaux, de pallier le manque de formations qualitatives proposées par les universités privées et enfin de déboucher sur un mode de développement alternatif au capitalisme qui soit écologiquement viable et socialement juste.

    Nous avons décidé de nous intéresser plus particulièrement à l’université de Yachay pour voir dans quelle mesure elle parvient à relever ces défis. Nous aimerions rencontrer les étudiants de cette université, comprendre leurs motivations et nous interroger sur la possibilité de l’application de cette « Révolution citoyenne ».

     

    Comment soutenir ce projet ?

    La façon la plus directe de nous soutenir est de participer financièrement via le crowdfunding. La réalisation de ce reportage entraîne des frais importants, c’est la raison pour laquelle nous avons lancé une campagne de financement participatif. Par ailleurs, si les gens qui lisent cet article ont des informations ou des contacts qu’ils souhaitent nous transmettre, ils peuvent nous contacter via les réseaux sociaux ou via notre adresse mail. Toute aide est la bienvenue et nous fera très plaisir !

     

    Pour les soutenir : c’est ici !

    (ou le compte BE95 0634 2424 1558)

    Contact : lordelarevolution@gmail.com

    Facebook : Ecuador l’or de la Révolution

    Source: Investig’Action

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  • Vérités et mensonges sur le Venezuela

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    Depuis quelques semaines, le Venezuela fait régulièrement la une de l’actualité internationale. Comme au temps d’Hugo Chavez, une importante campagne médiatique de dénigrement et de mensonge est menée contre la Révolution Bolivarienne. Même si en effet le Venezuela traverse une période difficile notamment sur le plan économique, la réalité de la situation décrite par les médias s’avère très souvent partiale et caricaturale. Journaliste installé depuis quarante au Venezuela, Jean Araud suit de très près l’actualité dans le pays. Son analyse de la situation diffère radicalement de ce qu’on entend généralement dans les médias dominants.

    Le 6 décembre dernier, l’opposition vénézuélienne remportait pour la première fois en quinze ans les élections législatives. Quatre mois plus tard, quel bilan pouvons-nous tirer des premières actions de l’opposition à l’Assemblée Nationale?

    En réalité aucun bilan ne surprend véritablement. Le nouveau président de l’Assemblée Nationale, Ramos Allup, est un politicien de la vieille école bien connu des Vénézuéliens pour son style provocateur. Le bilan est marqué par des provocations suivies d’autres provocations. La nouvelle Assemblée Nationale a tenté d’ignorer les autres niveaux de pouvoirs, en essayant par exemple d’imposer trois de ses députés qui avaient été élus de manière frauduleuse, ou en essayant de faire passer certaines lois des plus extravagantes. Parmi ces lois, une « loi d’amnistie » a pour objectif de pardonner des personnes condamnées et qui purgent leur peine, ou des hors-la-loi, pour des actes de corruption. Le véritable bilan est un véritable show médiatique, prudemment diffusé par certains grands médias internationaux, et plusieurs protestations populaires contre les prétentions de l’Assemblée Nationale, celles-là avec peu de couverture médiatique. Mais jusqu’à présent, cette Assemblée Nationale n’a pas réussi à imposer ses trois députés, ni aucune de ses lois extravagantes.

     

    Côté économique, le Venezuela a été frappé de plein fouet par la baisse du prix du pétrole. Puis, depuis quelques semaines, le pays fait face à une terrible sécheresse qui affecte sérieusement l’approvisionnement en énergie. Enfin, l’oligarchie économique mène depuis des années une redoutable guerre économique en créant désapprovisionnement, pénuries… Face à ce contexte difficile, quelles sont les principales mesures qu’a prises le gouvernement pour d’un côté affronter ces problèmes et de l’autre conserver les nombreuses conquêtes sociales acquises ces quinze dernières années?

    Cette question et une synthèse parfaite du panorama général actuel au Venezuela. Face aux difficultés d’approvisionnement en électricité, le gouvernement a pris les mêmes mesures que prendrait n’importe quel autre gouvernement face à une telle situation. D’un côté une campagne d’information auprès de la population a été mise en place avec des messages tels que « je suis prudent, je consomme efficacement », et d’un autre côté, il y a eu une réduction des heures de travail dans les organismes publics afin de minimiser la consommation en énergie.
    Face au désapprovisionnement, créé par l’opposition afin des déstabiliser ou pour tenter de provoquer une explosion social, des programmes baptisés « motores » ont été développés afin de développer d’autres moteurs économiques que le pétrole. Ces programmes concernent principalement les manufactures, l’agriculture et le tourisme. On a également développé des activités de cultures urbaines afin de pallier au désapprovisionnement et à la distribution d’aliments sur le marché noir. En réalité, ce désapprovisionnement est le résultat de l’accaparement des produits.
    Par exemple, le peuple n’a pas les moyens de s’approvisionner en sucre, ni en pain, sous le prétexte qu’il n’y a pas de farine. Mais curieusement, si on fait le tour des boulangeries de Caracas, on peut voir dans les vitrines toute sorte d’articles de boulangerie et de pâtisserie, mais bien entendu à des prix astronomiques. Cela est juste un exemple qui en illustre des centaines d’autres.
    Les conquêtes sociales continuent cependant de se développer et ce malgré la crise économique. Le gouvernement maintient fermement certains programmes d’éducation, de logements et le système de pensions. Le gouvernement a également multiplié les augmentations de salaires afin que la population puisse faire face à l’augmentation démesurée du prix des denrées.

     

    De nombreux historiens, analystes, voient dans cette guerre économique menée contre la Révolution bolivarienne un remake de la guerre menée par les secteurs oligarchiques chiliens contre le président Salvador Allende dans les années 1970. Selon vous, cette comparaison est-elle justifiée ?

    L’époque n’est pas la même, mais oui, il existe des similitudes, et la principale est que ces deux cas sont des guerres économiques menées depuis Washington. Au Chili, se fut de manière couverte, mais aujourd’hui au Venezuela cela est fait à la lumière du jour. La grande différence est qu’au Chili, les militaires ont utilisé la manière forte, et qu’ici au Venezuela, les militaires se présentent comme des citoyens armés.
    Nous assistons depuis quelques semaines à une croisade médiatique contre le président Maduro, accusé de tous les maux dont souffre le pays. Cela rappelle étrangement les campagnes de manipulation et de diffamation dont était victime le président Chavez. Comment expliquez-vous cet acharnement médiatique à l’heure ou le Venezuela fait face à d’importants problèmes économiques ?

    La croisade médiatique est exactement la même car elle est réalisée par de grands médias internationaux qui dépendent du « grand capital », des corporations et qui sont transnationaux. Chavez ou Maduro ne sont attaqués que pour ce qu’ils représentent. Il s’agit en fait d’une croisade du capitalisme contre un nouveau modèle de socialisme qui, dans le cas du Venezuela, a été adopté par une grande majorité du peuple dans l’espoir d’un nouveau monde possible, plus juste et plus humain. Pour les grandes puissances occidentales, cela est un exemple dangereux qu’il ne faudrait pas que ses propres peuples suivent, d’où une grande motivation pour neutraliser, par tous les moyens possibles, les leaders de ce modèle. Plus le temps passe, plus des informations laissent à penser, à travers des indices mais également certaines preuves, que le président Chavez a été assassiné, victime, en un mot d’un assassinat.

     

    L’opposition vénézuélienne rassemblée autour de la « Mesa de la Unidad Democratica » (MUD) vient de lancer une stratégie globale dans le but de renverser le plus rapidement le président Maduro. Face à cette offensive, quel rôle peuvent jouer les bases chavistes que l’on sait puissantes et bien ancrées au sein de la population ?

    Avant de répondre à votre question, je me permets une parenthèse. L’appellation « Mesa de la Unidad Democrática » n’est qu’une appellation. N’allez pas imaginer que l’opposition vénézuélienne est unie autour d’une supposée table. L’opposition est menée par des personnalités politiques de la vieille école du bipartisme pratiqué lors de l’ancienne république, c’est-à-dire AD (pour « Acción Democrática ») et COPEI pour les socialistes chrétiens. De fait, l’actuel président de l’Assemblée Nationale est un membre historique d’AD et nombreux sont les incidents qui démontrent qu’entre les partis d’opposition, l’harmonie n’est tout simplement pas à l’ordre du jour.
    Cette situation est diamétralement opposée à celle des dirigeants chavistes dont l’immense majorité est fidèle à l’héritage de Chávez, c’est-à-dire fidèle au président Maduro. En réalité, l’opposition n’a aucune stratégie globale pour sortir Maduro dans le sens d’actions stratégiques planifiées et coordonnées. Ce qu’a l’opposition c’est l’obsession de sortir Maduro, la même obsession que contre Chávez. De fait, l’opposition ne fait aucune proposition, ne présente aucun programme concret pour solutionner les problèmes du pays, mais oriente ouvertement ses actions sur une prise de pouvoir coûte que coûte, par la voie démocratique ou non, dans le respect des lois ou non. Actuellement, l’opposition tente de recourir à une révocation afin de destituer Maduro. Ce processus demande une mise en contexte et une observation attentive, et ce pour plusieurs motifs.
    C’est Chávez, que certains médias présentaient comme un dictateur, qui a introduit dans la nouvelle constitution vénézuélienne le principe de révocation, symbole démocratique par excellence dont peut de prétendues démocraties peuvent se vanter. La révocation permet au peuple, en ne réunissant qu’un pour-cent de signatures parmi les électeurs, de solliciter un référendum visant à révoquer à mi-mandat les autorités élues, et ce inclut le président de la république.
    L’opposition qui, bien entendu, s’est opposée à la nouvelle constitution, y fait pourtant appel afin de provoquer un référendum pour révocation et n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. En 2014 déjà, l’opposition a tenté la même action contre Chávez. Malgré des preuves que la liste des signatures présentées par l’opposition à l’époque était plus que douteuse, le président Chávez accepta d’organiser le référendum et d’en accepter le résultat. Et le résultat fut que Chávez remporta le référendum et la prétendue révocation de l’opposition se transforma en réalité en ratification de la présidence de Chávez.
    Actuellement, dans le cas de Maduro, les chavistes ne sont pas disposés à accepter que l’opposition fraude afin de réunir les signatures nécessaires. Pour cela, un référendum révocatoire à l’encontre de Maduro n’est pour le moment qu’une prétention de l’opposition. Mais, si ce référendum devait avoir lieu, il n’est pas dit que l’opposition puisse gagner cette révocation et ce pour différentes raisons. Primo, les manifestations observées dernièrement indiquent le pouvoir de rassemblement du peuple en faveur de Maduro et la faible capacité de convocation de l’opposition. Secundo, comme mentionné dans votre première question, l’opposition a remporté des élections législatives pour la première fois en quinze ans, mais il faut se rappeler le contexte. L’opposition a gagné en grande partie grâce à une stratégie peu démocratique et grâce à l’abstention de nombreux électeurs chavistes, ou encore d’électeurs qui ont voté dans une situation de mécontentement, des multiples déstabilisations. Enfin, aujourd’hui ces mêmes électeurs observent le comportement de l’opposition face à son Assemblée Nationale et observent également avec attention ce qu’il se passe en Argentine avec un nouveau président néo-libéral.
    Dans ce contexte, le rôle des bases chavistes est tout simplement de diffuser la réalité et de continuer le chemin tracé par Chávez avec son « Plan pour la Patrie » et les programmes sociaux qui ont permis au peuple de voter en son âme et conscience, sans se laisser manipuler par les punitions que l’opposition continue de lui infliger afin de le déstabiliser.

     
    Le président Maduro a accusé à de nombreuses reprises le gouvernement des Etats-Unis de vouloir en finir avec la Révolution Bolivarienne. Il a notamment accusé le président Obama d’avoir renouvelé le décret faisant du Venezuela une « menace inhabituelle et rare pour la sécurité des Etats-Unis ». Face à ces accusations de la part du gouvernement vénézuélien, les médias internationaux accusent Maduro de vouloir détourner l’attention de son peuple. Alors ces menaces du gouvernement US, fantasme ou réalité ?

    Le décret d’Obama ressemble à une blague. Quant aux accusations, qui a accusé qui ? C’est en réalité les Etats-Unis qui ont été les premiers à accuser le Venezuela avec ce décret. On se demande qui peut vraiment croire qu’un si petit pays comme le Venezuela puisse représenter une menace pour la grande puissance que sont les Etats-Unis. Les menaces du gouvernement américain ne sont pas des simples menaces mais se traduisent dans les faits. L’opposition vénézuélienne est en grande partie financée par les Etats-Unis et la campagne médiatique contre la révolution bolivarienne se prépare dans des laboratoires basés aux Etats-Unis. Dernièrement, ce même Obama a déclaré publiquement que le Venezuela devrait changer de président.

     

    Il est impossible de comprendre la contre-offensive nationale et internationale contre le gouvernement vénézuélien sans prendre en compte le contexte régional : retour de la droite en Argentine, coup d’Etat parlementaire au Brésil… Selon vous, comment expliquer et interpréter ce retour en grâce du néolibéralisme dans la région et quel rôle le Venezuela peut-il jouer pour freiner ce processus ?

    C’est là un point crucial. Le néolibéralisme n’attaque pas seulement le Venezuela mais coordonne une attaque globale contre les peuples progressistes d’Amérique Latine comme l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur et le Venezuela. Pour assurer le retour du néolibéralisme, tous les moyens sont possibles: la voie médiatique, d’une part; mais également les déstabilisations à travers comme au Venezuela le désapprovisionnement provoquée des produits de première nécessité, et jusqu’à l’infiltration de paramilitaires avec des assassinats bien ciblés. La stratégie est de déstabiliser ces peuples et de provoquer des troubles afin de justifier l’intervention classique au nom de la liberté et de la démocratie.

    C’est le même scénario que pour toutes les interventions réalisées par les Etats-Unis tout au long de leur histoire, dans le but d’occuper des territoires. Mais dans ce cas précis, il existe différents paramètres additionnels et tout aussi importants. Il s’agit ici d’un continent qui depuis des décennies est vu par les Etats-Unis comme sa « basse-cour ». Après Fidel Castro a Cuba, des leaders emblématiques tels que Chávez, Morales, Lula, Correa et Kirchner sont apparus et ont insufflé un progressisme pour lequel les peuples les ont suivis en masse. Les Russes et les Chinois sont également présents en Amérique Latine. Par ailleurs, les peuples des Etats-Unis et d’autres puissances occidentales, font actuellement face à des conjonctures sociales qui peuvent devenir dangereuses pour leurs gouvernements.

    Le Venezuela peut continuer à jouer un rôle pour freiner la tentative actuelle de retour du néolibéralisme, mais seule l’union des peuples progressistes sud-américains pourra résister à cette attaque globale. C’est le chemin tracé par les libérateurs sud-américains lorsqu’ils ont obtenu l’indépendance de leur pays qui s’est transformé par après en un autre type de colonisation par le capitalisme. D’une certaine façon il s’agit pour ces pays de s’émanciper et de gagner une seconde indépendance.

     

    Journalistes et respectivement correspondants en Argentine et au Venezuela pour Le Journal de Notre Amérique – Investig’Action

    Source: Le Journal de Notre Amérique, mai 2016

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  • “Clinton est vraiment dangereuse”


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    Jusqu’où ira Hillary Clinton pour accéder à la Maison-Blanche et que pourrait-on attendre de son éventuelle présidence? Nous avons posé la question à Diana Johnstone. Dans son récent ouvrage Hillary Clinton, la reine du chaos, elle analyse le lien entre les ambitions de la candidate sans scrupule et la machine qui sous-tend l’empire américain. Du coup d’Etat au Honduras à la guerre en Libye en passant par l’instrumentalisation de la cause féministe, Diana Johnstone nous dévoile la face cachée de la candidate démocrate et nous met en garde sur le “Smart Power” cher à Clinton. Enfin, elle analyse pour nous le succès de Donald Trump et ce que son alternative représente vraiment.


    La course à la Maison-Blanche se fait au coude-à-coude. Hillary Clinton a-t-elle une chance de l’emporter ? Comment analysez-vous sa campagne jusqu’ici ?

    Elle a commencé sa campagne en grande favorite, mais ne cesse de baisser dans les sondages. Avec toute la machine du Parti démocrate à son service, un énorme trésor de guerre, et la certitude de gagner les premières primaires dans les Etats du Sud, Hillary Clinton avait une longueur d’avance qui rendait le rattrapage de son challenger imprévu Bernie Sanders quasi impossible. Pourtant, ce vieux sénateur peu connu, se qualifiant de « socialiste démocratique » dans un pays où le socialisme est largement considéré comme l’œuvre du diable, a suscité un enthousiasme extraordinaire, notamment parmi les jeunes. Quoi qu’il arrive, la campagne inattendue de Bernie a réussi à attirer l’attention sur les liens quasi organiques entre les Clinton et Wall Street, liens occultés par les grands médias. Pour la première fois, ceux-ci ont été efficacement contrecarrés par Internet qui fourmille de vidéos dénonçant la cupidité, les mensonges, la bellicosité de Mme Clinton.

    Par ailleurs, Hillary Clinton court le risque d’ennuis graves à cause de son utilisation illicite de son propre serveur email en tant que secrétaire d’Etat.

    Au cours des primaires, sa popularité a baissé tellement que le Parti démocrate doit commencer à être effrayé de nommer une candidate trainant tant de casseroles. Les derniers sondages montrent que l’impopularité de Hillary Clinton commence à dépasser l’impopularité de Trump. Pour beaucoup d’électeurs, il sera difficile de choisir « le moindre mal ».

     

    La campagne de Hillary Clinton aurait déjà coûté 89,6 millions de dollars. De quels personnages influents a-t-elle le soutien ? Peut-on deviner, à partir de là, quels intérêts Clinton pourrait défendre si elle devient présidente ?

     Celui qui se met le plus en avant est un milliardaire israélo-américain, Haim Saban, qui s’est vanté de donner « autant d’argent qu’il faut » pour assurer l’élection de Hillary. En retour, elle promet de renforcer le soutien à Israël dans tous les domaines, de combattre le mouvement BDS et de poursuivre une politique vigoureuse contre les ennemis d’Israël au Moyen-Orient, notamment le régime d’Assad et l’Iran. Le soutien financier considérable qu’elle reçoit de l’Arabie saoudite va dans le même sens. D’autre part, les honoraires faramineux reçus de la part de Goldman Sachs et d’autres géants de la finance laissent peu de doute sur l’orientation de sa politique intérieure.

     

    En devenant la première femme présidente des Etats-Unis, pensez-vous que Hillary Clinton ferait avancer la cause féministe ?

    Le fait d’être femme est le seul élément concret qui permet à Hillary de prétendre que sa candidature soit progressiste. L’idée est que si elle « brise le plafond de verre » en accédant à ce poste suprême, son exemple aidera d’autres femmes dans leur ambition d’avancer dans leurs carrières. Mais pour la masse des femmes qui travaillent pour de bas salaires, cela ne promet rien.

    Il faut placer cette prétention dans le contexte de la tactique de la gauche néolibéralisée de faire oublier son abandon des travailleurs, c’est-à-dire de la majorité, en faveur de l’avancement personnel des membres des minorités ou des femmes.   Il s’agit de la « politique identitaire » qui fait oublier la lutte des classes en se focalisant sur d’autres divisions sociétales. En d’autres termes, la politique identitaire signifie le déplacement du concept de l’égalité du domaine économique à celui de la subjectivité et des attitudes psychologiques.

     

    Dans votre livre, Hillary Clinton, la reine du Chaos, vous revenez sur la guerre du Kosovo. Hillary Clinton était la première Dame des Etats-Unis à l’époque. En quoi le bombardement de la Yougoslavie en 1999 a-t-il été un épisode marquant de son parcours politique ?

    Avec son amie Madeleine Albright, l’agressive ministre des Affaires étrangères de l’époque, Hillary poussait son mari Bill Clinton à bombarder la Yougoslavie en 1999. Cette guerre pour arracher le Kosovo à la Serbie fut le début des guerres supposées « humanitaires » visant à changer des régimes qui ne plaisent pas à Washington. Depuis, Hillary s’est fait la championne des « changements de régime », notamment en Libye et en Syrie.

    Dans mon livre, La Reine du Chaos, je souligne l’alliance perverse entre le complexe militaro-industriel américain et certaines femmes ambitieuses qui veulent montrer qu’elles peuvent faire tout ce que font les hommes, notamment la guerre. Un intérêt mutuel a réuni les militaristes qui veulent la guerre et des femmes qui veulent briser les plafonds de verre. Si les militaristes ont besoin de femmes pour rendre la guerre attrayante, certaines femmes très ambitieuses ont besoin de la guerre pour faire avancer leur carrière. Les personnalités les plus visiblement agressives et va-t’en guerre de l’administration Obama sont d’ailleurs des femmes : Hillary, Susan Rice, Samantha Power, Victoria Nuland…  C’est un signal au monde : pas de tendresse de ce côté-ci !

     

    On peut ajouter le Honduras au tableau de chasse de Hillary Clinton. Elle était fraîchement élue secrétaire d’Etat lorsqu’en 2009, l’armée a renversé le président Manuel Zelaya. Un avant-goût de la méthode Clinton ?

    Son rôle en facilitant le renversement par des militaires d’un président démocratiquement élu illustre à la fois ses méthodes et ses convictions. Ses méthodes sont hypocrites et rusées : elle feint une désapprobation du procédé tout en trouvant les moyens de l’imposer, contre l’ensemble de l’opinion internationale. Ses convictions, c’est clair, l’amènent à soutenir les éléments les plus réactionnaires dans un pays qui est le prototype de la république bananière : c’est le pays le plus dominé par le capital et par la présence militaire des Etats-Unis de toute l’Amérique latine, le plus pauvre après Haïti.   Zelaya aspirait à améliorer le sort des pauvres et des indigènes. Il osait même proposer de convertir une base militaire américaine en aéroport civil. A la trappe ! Et depuis, les opposants – par exemple la courageuse Bertha Caceres – sont régulièrement assassinés.

     

    Cette méthode porte un nom, le Smart Power. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?

    Dans le discours washingtonien, on distingue depuis longtemps le « hard power » (militaire) du « soft power » (économique, politique, idéologique, etc.). Hillary Clinton, qui se vante d’être très intelligente, a pris comme slogan le « Smart Power », le pouvoir malin, habile, qui ne signifie qu’une combinaison des deux. Bref, elle compte utiliser tous les moyens pour préserver et avancer l’hégémonie mondiale des Etats-Unis.

     

    Si le Smart Power aspire à combiner la méthode douce et la manière forte, cette dernière semble avoir la préférence de Clinton malgré tout !

    Oui, en tant que chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton a souvent montré une préférence pour la force contre l’utilisation de la diplomatie. On voit les mêmes tendances chez ses consœurs Madeleine Albright, Susan Rice ou Samantha Power. Surtout dans le cas de la Libye, Clinton a saboté les efforts de médiation des pays africains et même d’officiers supérieurs américains et du membre du Congrès Kucinich qui avaient pris contact avec les représentants de Gaddafi en quête d’un compromis pacifique. Elle s’opposait aussi aux négociations avec l’Iran. Et elle est prête à risquer la guerre avec la Russie pour chasser Assad, ce qui s’accorde avec son hostilité affichée envers Poutine.

     

    Les années Bush et la brutalité des néoconservateurs ont frappé les esprits, mais le Smart Power de Clinton semble tout aussi dangereux, non ?

    Tout à fait, cette femme est très dangereuse. Alors que les Etats-Unis s’apprêtent à renouveler leur arsenal nucléaire, alors qu’ils mènent une campagne de propagande haineuse antirusse qui dépasse celle de la guerre froide, alors qu’ils obligent leurs alliés européens à acheter une quantité énorme d’avions de guerre made in USA tout en poussant l’Otan à concentrer les forces militaires le long des frontières russes, la présidence de Mme Hillary Clinton représenterait un péril sans précédent pour le monde entier.

     

    Vous pointez dans votre ouvrage tout le poids du complexe militaro-industriel dans la politique étrangère des Etats-Unis. Finalement, la personne qui occupe le bureau ovale a-t-elle une marge de manœuvre ?

    La base matérielle de la politique guerrière des Etats-Unis, c’est ce complexe militaro-industriel (MIC), né au début de la guerre froide, contre la dangerosité duquel le président Eisenhower lui-même a averti le public en 1961. Il a fini par dominer la vie économique et politique du pays. Les intellectuels organiques de ce complexe, logés dans les think tanks et les rédactions des grands journaux, ne cessent de découvrir, ou plutôt d’inventer, les « menaces » et les « missions humanitaires » pour justifier l’existence de ce monstre qui consomme les richesses du pays et menace le monde entier.   Les présidents passent, le MIC reste. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, le « Parti de la Guerre » se sent tout-puissant et devient plus agressif que jamais. Hillary Clinton a tout fait pour devenir leur candidate préférée.

     

    Comment construire dès lors une alternative à ce Parti de la Guerre ?

    C’est la grande question à laquelle je ne saurais répondre. Par ailleurs, il n’existe pas de formule pour de tels bouleversements, qui dépendent d’une diversité de facteurs, souvent imprévisibles. La candidature tellement décriée de Trump pourrait en être un, car le vieil isolationnisme de droite est certainement un des éléments qui pourrait contribuer à détourner Washington de son cours vers le désastre. Qu’on le veuille ou non, il faut reconnaître que « la gauche » est trop impliquée dans la farce des « guerres humanitaires » pour être la source du revirement. Il faut une prise de conscience qui dépasse les divisions de classes et d’étiquettes politiques. La situation est grave, et tout le monde est concerné.

     

    Trump se demande en effet pourquoi les Etats-Unis devraient jouer au gendarme dans le monde entier, plaide pour des relations plus constructives avec la Russie et interroge l’utilité de l’Otan. Il est même opposé au TTIP ! Mais son protectionnisme conservateur ne pourrait-il pas conduire à d’autres guerres de grande ampleur ? N’y a-t-il pas d’autre espoir ?

     Il est difficile de qualifier un personnage tel que Trump comme « espoir », mais il faut le situer dans le contexte politique américain. En Europe, et notamment en France, on persiste à prendre le spectacle des élections présidentielles américaines comme une évidence de la nature « démocratique » du pays. Mais tous ces spectacles, avec leurs conflits et leurs drames, tendent à obscurcir le fait central : la dictature de deux partis, tous les deux dominés par le complexe militaro-industriel et son idéologie d’hégémonie mondiale. Ces deux partis sont protégés de concurrence sérieuse par les règles particulières à chacun des cinquante Etats qui rendent quasiment impossible la présence d’un candidat tiers.   L’exploit de Trump est d’avoir réussi à envahir et d’accaparer l’un de ces deux partis, le Parti républicain, qui se trouvait dans un état de dégradation intellectuelle, politique et morale extrême. Il l’a accompli par une sorte de démagogie très américaine, perfectionnée pendant sa prestation en tant que vedette d’un programme de « télé-réalité ». C’est une démagogie empruntée au show-business plutôt qu’au fascisme. On ravit l’auditoire en étant choquant.

    L’invasion du jeu électoral par cet amuseur de foules est très significative de la dépolitisation du pays – tout comme la réussite plus modeste de Bernie Sanders montre le désir d’une minorité éclairée progressiste de réintroduire le politique dans le spectacle.

    Le Parti démocrate, tout corrompu qu’il soit, garde vraisemblablement assez de vigueur pour marginaliser l’intrus. Il a une ligne politique claire, représentée par Hillary Clinton : néolibéralisme et hégémonie mondiale sous couvert des droits de l’homme. Il fera tout pour bloquer Sanders.   Mais on peut toujours espérer que le mouvement inspiré par sa candidature contribuera à un renouveau durable de la gauche.

    A court terme, il reste Trump, ancien démocrate plus ou moins, malhonnête comme l’est forcément un homme d’affaires qui a réussi dans l’industrie de la construction, égoïste, comédien, dont on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Seulement, il peut difficilement être pire que Hillary, ne serait-ce que parce qu’il casse le jeu actuel qui mène directement à la confrontation avec la Russie.   En tant que présidente, Hillary se trouverait bien chez elle à Washington entourée de néocons et d’interventionnistes de tout poil prêts à s’embarquer ensemble dans des guerres sans fin. Lui par contre se trouverait dans un Washington hostile et consterné. Ce serait une version originale du « chaos créateur » cher aux interventionnistes.

    L’idée que « le protectionnisme mène à la guerre » fait partie de la doctrine du libéralisme. En réalité, nous sommes déjà en pleine guerre, et un peu de retrait chez soi de la part des Américains pourrait calmer les choses. Que ce soit Trump ou Sanders, un certain « protectionnisme » à l’égard des produits chinois serait nécessaire pour faire redémarrer l’industrie américaine et créer des postes de travail. Mais il est impossible aujourd’hui de pratiquer le « protectionnisme » des années 1930. La peur du « protectionnisme » mène à la politique néolibérale actuelle de l’Union européenne qui détruit toutes les protections des travailleurs.

    Au lieu de craindre Trump, l’Europe ferait mieux de le regarder comme un révélateur. Face à cette Amérique, les Européens doivent retrouver la vieille habitude de formuler leurs propres objectifs, au lieu de suivre aveuglément une direction politique américaine profondément hypocrite, belliqueuse et en pleine confusion. Le bon protectionnisme serait que les Européens apprennent à se protéger de leur grand frère transatlantique.

     

    Source: Investig’Action

     

    Voir Diana Johnstone, Hillary Clinton. La reine du chaos, Editions Delga, 2015

    couv-Hillary-Clinton1-567x850 Diana Johnstone analyse le lien entre les ambitions d’une politicienne sans scrupule, Hillary Clinton, et la machine qui sous-tend “l’empire américain” : le complexe militaro-industriel, les médias, le lobby pro-israélien, et les intellectuels qui orientent le discours sur les droits de l’homme, le multiculturalisme ou les droits de minorités en faveur de la guerre perpétuelle.

    Passant en revue les conflits au Honduras, au Rwanda, en Libye, Bosnie, Kosovo, Irak, Syrie et Ukraine, Diana Johnstone illustre une caractéristique de l’empire américain qui diffère des empires passés : une volonté de destruction d’ennemis potentiels plutôt que d’occupation et d’exploitation.

    En se faisant la porte-parole de “gauche” de l’offensive actuelle contre la Russie, avec le risque de guerre nucléaire qu’elle entraîne, Hillary Clinton renforce un des principaux dangers qui menacent l’humanité aujourd’hui.

    “Clinton est vraiment dangereuse”

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    Jusqu’où ira Hillary Clinton pour accéder à la Maison-Blanche et que pourrait-on attendre de son éventuelle présidence? Nous avons posé la question à Diana Johnstone. Dans son récent ouvrage Hillary Clinton, la reine du chaos, elle analyse le lien entre les ambitions de la candidate sans scrupule et la machine qui sous-tend l’empire américain. Du coup d’Etat au Honduras à la guerre en Libye en passant par l’instrumentalisation de la cause féministe, Diana Johnstone nous dévoile la face cachée de la candidate démocrate et nous met en garde sur le “Smart Power” cher à Clinton. Enfin, elle analyse pour nous le succès de Donald Trump et ce que son alternative représente vraiment.


    La course à la Maison-Blanche se fait au coude-à-coude. Hillary Clinton a-t-elle une chance de l’emporter ? Comment analysez-vous sa campagne jusqu’ici ?

    Elle a commencé sa campagne en grande favorite, mais ne cesse de baisser dans les sondages. Avec toute la machine du Parti démocrate à son service, un énorme trésor de guerre, et la certitude de gagner les premières primaires dans les Etats du Sud, Hillary Clinton avait une longueur d’avance qui rendait le rattrapage de son challenger imprévu Bernie Sanders quasi impossible. Pourtant, ce vieux sénateur peu connu, se qualifiant de « socialiste démocratique » dans un pays où le socialisme est largement considéré comme l’œuvre du diable, a suscité un enthousiasme extraordinaire, notamment parmi les jeunes. Quoi qu’il arrive, la campagne inattendue de Bernie a réussi à attirer l’attention sur les liens quasi organiques entre les Clinton et Wall Street, liens occultés par les grands médias. Pour la première fois, ceux-ci ont été efficacement contrecarrés par Internet qui fourmille de vidéos dénonçant la cupidité, les mensonges, la bellicosité de Mme Clinton.

    Par ailleurs, Hillary Clinton court le risque d’ennuis graves à cause de son utilisation illicite de son propre serveur email en tant que secrétaire d’Etat.

    Au cours des primaires, sa popularité a baissé tellement que le Parti démocrate doit commencer à être effrayé de nommer une candidate trainant tant de casseroles. Les derniers sondages montrent que l’impopularité de Hillary Clinton commence à dépasser l’impopularité de Trump. Pour beaucoup d’électeurs, il sera difficile de choisir « le moindre mal ».

     

    La campagne de Hillary Clinton aurait déjà coûté 89,6 millions de dollars. De quels personnages influents a-t-elle le soutien ? Peut-on deviner, à partir de là, quels intérêts Clinton pourrait défendre si elle devient présidente ?

     Celui qui se met le plus en avant est un milliardaire israélo-américain, Haim Saban, qui s’est vanté de donner « autant d’argent qu’il faut » pour assurer l’élection de Hillary. En retour, elle promet de renforcer le soutien à Israël dans tous les domaines, de combattre le mouvement BDS et de poursuivre une politique vigoureuse contre les ennemis d’Israël au Moyen-Orient, notamment le régime d’Assad et l’Iran. Le soutien financier considérable qu’elle reçoit de l’Arabie saoudite va dans le même sens. D’autre part, les honoraires faramineux reçus de la part de Goldman Sachs et d’autres géants de la finance laissent peu de doute sur l’orientation de sa politique intérieure.

     

    En devenant la première femme présidente des Etats-Unis, pensez-vous que Hillary Clinton ferait avancer la cause féministe ?

    Le fait d’être femme est le seul élément concret qui permet à Hillary de prétendre que sa candidature soit progressiste. L’idée est que si elle « brise le plafond de verre » en accédant à ce poste suprême, son exemple aidera d’autres femmes dans leur ambition d’avancer dans leurs carrières. Mais pour la masse des femmes qui travaillent pour de bas salaires, cela ne promet rien.

    Il faut placer cette prétention dans le contexte de la tactique de la gauche néolibéralisée de faire oublier son abandon des travailleurs, c’est-à-dire de la majorité, en faveur de l’avancement personnel des membres des minorités ou des femmes.   Il s’agit de la « politique identitaire » qui fait oublier la lutte des classes en se focalisant sur d’autres divisions sociétales. En d’autres termes, la politique identitaire signifie le déplacement du concept de l’égalité du domaine économique à celui de la subjectivité et des attitudes psychologiques.

     

    Dans votre livre, Hillary Clinton, la reine du Chaos, vous revenez sur la guerre du Kosovo. Hillary Clinton était la première Dame des Etats-Unis à l’époque. En quoi le bombardement de la Yougoslavie en 1999 a-t-il été un épisode marquant de son parcours politique ?

    Avec son amie Madeleine Albright, l’agressive ministre des Affaires étrangères de l’époque, Hillary poussait son mari Bill Clinton à bombarder la Yougoslavie en 1999. Cette guerre pour arracher le Kosovo à la Serbie fut le début des guerres supposées « humanitaires » visant à changer des régimes qui ne plaisent pas à Washington. Depuis, Hillary s’est fait la championne des « changements de régime », notamment en Libye et en Syrie.

    Dans mon livre, La Reine du Chaos, je souligne l’alliance perverse entre le complexe militaro-industriel américain et certaines femmes ambitieuses qui veulent montrer qu’elles peuvent faire tout ce que font les hommes, notamment la guerre. Un intérêt mutuel a réuni les militaristes qui veulent la guerre et des femmes qui veulent briser les plafonds de verre. Si les militaristes ont besoin de femmes pour rendre la guerre attrayante, certaines femmes très ambitieuses ont besoin de la guerre pour faire avancer leur carrière. Les personnalités les plus visiblement agressives et va-t’en guerre de l’administration Obama sont d’ailleurs des femmes : Hillary, Susan Rice, Samantha Power, Victoria Nuland…  C’est un signal au monde : pas de tendresse de ce côté-ci !

     

    On peut ajouter le Honduras au tableau de chasse de Hillary Clinton. Elle était fraîchement élue secrétaire d’Etat lorsqu’en 2009, l’armée a renversé le président Manuel Zelaya. Un avant-goût de la méthode Clinton ?

    Son rôle en facilitant le renversement par des militaires d’un président démocratiquement élu illustre à la fois ses méthodes et ses convictions. Ses méthodes sont hypocrites et rusées : elle feint une désapprobation du procédé tout en trouvant les moyens de l’imposer, contre l’ensemble de l’opinion internationale. Ses convictions, c’est clair, l’amènent à soutenir les éléments les plus réactionnaires dans un pays qui est le prototype de la république bananière : c’est le pays le plus dominé par le capital et par la présence militaire des Etats-Unis de toute l’Amérique latine, le plus pauvre après Haïti.   Zelaya aspirait à améliorer le sort des pauvres et des indigènes. Il osait même proposer de convertir une base militaire américaine en aéroport civil. A la trappe ! Et depuis, les opposants – par exemple la courageuse Bertha Caceres – sont régulièrement assassinés.

     

    Cette méthode porte un nom, le Smart Power. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?

    Dans le discours washingtonien, on distingue depuis longtemps le « hard power » (militaire) du « soft power » (économique, politique, idéologique, etc.). Hillary Clinton, qui se vante d’être très intelligente, a pris comme slogan le « Smart Power », le pouvoir malin, habile, qui ne signifie qu’une combinaison des deux. Bref, elle compte utiliser tous les moyens pour préserver et avancer l’hégémonie mondiale des Etats-Unis.

     

    Si le Smart Power aspire à combiner la méthode douce et la manière forte, cette dernière semble avoir la préférence de Clinton malgré tout !

    Oui, en tant que chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton a souvent montré une préférence pour la force contre l’utilisation de la diplomatie. On voit les mêmes tendances chez ses consœurs Madeleine Albright, Susan Rice ou Samantha Power. Surtout dans le cas de la Libye, Clinton a saboté les efforts de médiation des pays africains et même d’officiers supérieurs américains et du membre du Congrès Kucinich qui avaient pris contact avec les représentants de Gaddafi en quête d’un compromis pacifique. Elle s’opposait aussi aux négociations avec l’Iran. Et elle est prête à risquer la guerre avec la Russie pour chasser Assad, ce qui s’accorde avec son hostilité affichée envers Poutine.

     

    Les années Bush et la brutalité des néoconservateurs ont frappé les esprits, mais le Smart Power de Clinton semble tout aussi dangereux, non ?

    Tout à fait, cette femme est très dangereuse. Alors que les Etats-Unis s’apprêtent à renouveler leur arsenal nucléaire, alors qu’ils mènent une campagne de propagande haineuse antirusse qui dépasse celle de la guerre froide, alors qu’ils obligent leurs alliés européens à acheter une quantité énorme d’avions de guerre made in USA tout en poussant l’Otan à concentrer les forces militaires le long des frontières russes, la présidence de Mme Hillary Clinton représenterait un péril sans précédent pour le monde entier.

     

    Vous pointez dans votre ouvrage tout le poids du complexe militaro-industriel dans la politique étrangère des Etats-Unis. Finalement, la personne qui occupe le bureau ovale a-t-elle une marge de manœuvre ?

    La base matérielle de la politique guerrière des Etats-Unis, c’est ce complexe militaro-industriel (MIC), né au début de la guerre froide, contre la dangerosité duquel le président Eisenhower lui-même a averti le public en 1961. Il a fini par dominer la vie économique et politique du pays. Les intellectuels organiques de ce complexe, logés dans les think tanks et les rédactions des grands journaux, ne cessent de découvrir, ou plutôt d’inventer, les « menaces » et les « missions humanitaires » pour justifier l’existence de ce monstre qui consomme les richesses du pays et menace le monde entier.   Les présidents passent, le MIC reste. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, le « Parti de la Guerre » se sent tout-puissant et devient plus agressif que jamais. Hillary Clinton a tout fait pour devenir leur candidate préférée.

     

    Comment construire dès lors une alternative à ce Parti de la Guerre ?

    C’est la grande question à laquelle je ne saurais répondre. Par ailleurs, il n’existe pas de formule pour de tels bouleversements, qui dépendent d’une diversité de facteurs, souvent imprévisibles. La candidature tellement décriée de Trump pourrait en être un, car le vieil isolationnisme de droite est certainement un des éléments qui pourrait contribuer à détourner Washington de son cours vers le désastre. Qu’on le veuille ou non, il faut reconnaître que « la gauche » est trop impliquée dans la farce des « guerres humanitaires » pour être la source du revirement. Il faut une prise de conscience qui dépasse les divisions de classes et d’étiquettes politiques. La situation est grave, et tout le monde est concerné.

     

    Trump se demande en effet pourquoi les Etats-Unis devraient jouer au gendarme dans le monde entier, plaide pour des relations plus constructives avec la Russie et interroge l’utilité de l’Otan. Il est même opposé au TTIP ! Mais son protectionnisme conservateur ne pourrait-il pas conduire à d’autres guerres de grande ampleur ? N’y a-t-il pas d’autre espoir ?

     Il est difficile de qualifier un personnage tel que Trump comme « espoir », mais il faut le situer dans le contexte politique américain. En Europe, et notamment en France, on persiste à prendre le spectacle des élections présidentielles américaines comme une évidence de la nature « démocratique » du pays. Mais tous ces spectacles, avec leurs conflits et leurs drames, tendent à obscurcir le fait central : la dictature de deux partis, tous les deux dominés par le complexe militaro-industriel et son idéologie d’hégémonie mondiale. Ces deux partis sont protégés de concurrence sérieuse par les règles particulières à chacun des cinquante Etats qui rendent quasiment impossible la présence d’un candidat tiers.   L’exploit de Trump est d’avoir réussi à envahir et d’accaparer l’un de ces deux partis, le Parti républicain, qui se trouvait dans un état de dégradation intellectuelle, politique et morale extrême. Il l’a accompli par une sorte de démagogie très américaine, perfectionnée pendant sa prestation en tant que vedette d’un programme de « télé-réalité ». C’est une démagogie empruntée au show-business plutôt qu’au fascisme. On ravit l’auditoire en étant choquant.

    L’invasion du jeu électoral par cet amuseur de foules est très significative de la dépolitisation du pays – tout comme la réussite plus modeste de Bernie Sanders montre le désir d’une minorité éclairée progressiste de réintroduire le politique dans le spectacle.

    Le Parti démocrate, tout corrompu qu’il soit, garde vraisemblablement assez de vigueur pour marginaliser l’intrus. Il a une ligne politique claire, représentée par Hillary Clinton : néolibéralisme et hégémonie mondiale sous couvert des droits de l’homme. Il fera tout pour bloquer Sanders.   Mais on peut toujours espérer que le mouvement inspiré par sa candidature contribuera à un renouveau durable de la gauche.

    A court terme, il reste Trump, ancien démocrate plus ou moins, malhonnête comme l’est forcément un homme d’affaires qui a réussi dans l’industrie de la construction, égoïste, comédien, dont on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Seulement, il peut difficilement être pire que Hillary, ne serait-ce que parce qu’il casse le jeu actuel qui mène directement à la confrontation avec la Russie.   En tant que présidente, Hillary se trouverait bien chez elle à Washington entourée de néocons et d’interventionnistes de tout poil prêts à s’embarquer ensemble dans des guerres sans fin. Lui par contre se trouverait dans un Washington hostile et consterné. Ce serait une version originale du « chaos créateur » cher aux interventionnistes.

    L’idée que « le protectionnisme mène à la guerre » fait partie de la doctrine du libéralisme. En réalité, nous sommes déjà en pleine guerre, et un peu de retrait chez soi de la part des Américains pourrait calmer les choses. Que ce soit Trump ou Sanders, un certain « protectionnisme » à l’égard des produits chinois serait nécessaire pour faire redémarrer l’industrie américaine et créer des postes de travail. Mais il est impossible aujourd’hui de pratiquer le « protectionnisme » des années 1930. La peur du « protectionnisme » mène à la politique néolibérale actuelle de l’Union européenne qui détruit toutes les protections des travailleurs.

    Au lieu de craindre Trump, l’Europe ferait mieux de le regarder comme un révélateur. Face à cette Amérique, les Européens doivent retrouver la vieille habitude de formuler leurs propres objectifs, au lieu de suivre aveuglément une direction politique américaine profondément hypocrite, belliqueuse et en pleine confusion. Le bon protectionnisme serait que les Européens apprennent à se protéger de leur grand frère transatlantique.

     

    Source: Investig’Action

     

    Voir Diana Johnstone, Hillary Clinton. La reine du chaos, Editions Delga, 2015

    couv-Hillary-Clinton1-567x850 Diana Johnstone analyse le lien entre les ambitions d’une politicienne sans scrupule, Hillary Clinton, et la machine qui sous-tend “l’empire américain” : le complexe militaro-industriel, les médias, le lobby pro-israélien, et les intellectuels qui orientent le discours sur les droits de l’homme, le multiculturalisme ou les droits de minorités en faveur de la guerre perpétuelle.

    Passant en revue les conflits au Honduras, au Rwanda, en Libye, Bosnie, Kosovo, Irak, Syrie et Ukraine, Diana Johnstone illustre une caractéristique de l’empire américain qui diffère des empires passés : une volonté de destruction d’ennemis potentiels plutôt que d’occupation et d’exploitation.

    En se faisant la porte-parole de “gauche” de l’offensive actuelle contre la Russie, avec le risque de guerre nucléaire qu’elle entraîne, Hillary Clinton renforce un des principaux dangers qui menacent l’humanité aujourd’hui.

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  • Regards sur l’Amérique latine

    (Vu par le MS 21(Mouvement pour un Socialisme du 21° siècle)

    Le MS21 a inscrit dans sa Charte le paragraphe suivant :

    «.....il y a dans le monde des peuples qui ne se résignent pas au vide politique et refusent résolument les dégâts sociaux et environnementaux du capitalisme et de sa forme actuelle le néo-libéralisme . Le MS21 a donc tourné ses regards vers les pays d'Amérique du sud – tels le Venezuela, l'Equateur, la Bolivie – qui ont élaboré de nouvelles constitutions et mis en place des politiques sociales au service de leur peuple. »

    Et nous avons appelé notre association « Mouvement pour un socialisme du 21è siècle » en référence à une déclaration de Hugo Chavez en 2006 lors du Forum Social Mondial à Caracas.

    Notre charte a été écrite fin 2014. Les choses ont hélas évolué depuis cette date et on a vu en 2015 les situations se dégrader dans plusieurs pays de ce continent .

    Avons-nous eu tort de nous réjouir trop tôt, trop vite d'une victoire de gouvernements progressistes au Venezuela, en Argentine, en Bolivie, en Equateur ? Ces revers seront-ils passagers ou durables? Faut-il être optimiste ou se résigner à un retour de la droite pour longtemps ? Que dire du rôle des États-Unis dans ces événements?

    1- Omniprésence des États-Unis

    1.1 - Doctrine de Monroe

    Le 2 décembre 1823, James Monroe, cinquième président des États-Unis, énonce la doctrine qui portera son nom et fixera pour un siècle et demi les fondements de la diplomatie américaine (« l'Amérique aux Américains»). Dans un long discours il interpelle directement les puissances européennes (en particulier l'Espagne et le Portugal) et leur déclare :

    1) Les États-Unis ont reconnu l'indépendance des nouvelles républiques latino-américaines ; en conséquence de quoi, l'Amérique du nord et l'Amérique du sud ne sont plus ouvertes à la colonisation européenne.

    2) Les États-Unis regardent désormais toute intervention de leur part dans les affaires du continent américain comme une menace pour leur sécurité et pour la paix.

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  • WikiLeaks : le président du Brésil par intérim était informateur pour le compte des Etats-Unis

     

    Source: Reuters
     

    Selon les documents secrets publiés sur le site fondé par Julian Assange, Michel Temer, qui assure la fonction de chef d’Etat du Brésil depuis le 12 mai, a fourni des informations au Conseil national de sécurité des Etats-Unis en 2006.

    Le document du 11 janvier 2006 témoigne d’une conversation ayant eu lieu le 9 janvier entre des responsables américains et Michel Temer, député fédéral de Sao Paulo à l’époque et président du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) – poste qu’il occupe toujours aujourd’hui.

     

     

    Le sujet principal de l’entretien téléphonique était la situation politique au Brésil et, notamment, les chances du président du pays Luiz Inacio Lula da Silva, plus connu sous le nom de Lula, d’être réélu le 26 octobre 2006.

    «[Michel] Temer a critiqué la vision étroite de Lula et son attention excessive aux programmes de sécurité sociale qui n’apportent pas de croissance ou de développement économique», peut-on lire dans le compte rendu de la conversation.

    Il a également souligné que le parti des travailleurs (PT) de Lula n’avait pas tenu ses promesses électorales ce qui est, d’après lui, une «fraude électorale». Ainsi, il estime que «la désillusion des citoyens envers le président Lula et le PT donne l’occasion au PMDB d’avancer son candidat aux élections présidentielles de 2006».

     

     

    Selon le document, les responsables américains analysaient les résultats des sondages témoignant de la baisse de popularité du PT et du principal parti d’opposition, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB). Michel Temer avoue alors que son parti du PMDB est assez divisé, mais laissait entendre qu’il pourrait s’unifier pour les élections.

    «Si son candidat ne parvient pas au deuxième tour, le parti tentera de négocier une alliance avec l’un des deux finalistes», rapporte le compte-rendu. «Vu son orientation centriste, le PMDB pourrait ainsi équilibrer les votes entre le PT de Lula et le PSDB d’opposition, et a donc besoin d’être surveillé de près dans les mois qui viennent. Fin des commentaires», conclut l’auteur du document au sein de l’ambassade américaine au Brésil.

    On ignore si d’autres conversations entre Michel Temer et des responsables américaines ont eu lieu, mais Lula a été réélu en 2006 au deuxième tour face à Geraldo Alckim, le candidat du PSDB. Le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) de Michel Temer n’a pas participé aux élections.

    L’homme a cependant mené une belle carrière politique. En 2009, il est devenu président de la Chambre des députés. En 2010, il gagne les élections présidentielles en compagnie de Dilma Rousseff, en devenant ainsi vice-président de la République brésilienne. Le 12 mai, le Sénat du pays a temporairement suspendu Dilma Rousseff de ses fonctions afin qu’elle passe devant un tribunal pour des accusations de vol des lois budgétaires. Depuis ce jour, la fonction de chef d’Etat brésilien est assurée par le vice-président du pays, Michel Temer.

     
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