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MS21 - Page 84

  • Le mur meurtrier de la Méditerranée : L’assassinatde masse de l’Union européenne


    par Saïd Bouamama

     

     

     

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    3419 migrants sont morts en 2014 en tentant de traverser la Méditerranée selon l’agence de Nations-Unies pour les réfugiés(1). Ce chiffre macabre fait de la Méditerranée la frontière la plus meurtrière, le nombre total de décès pour le monde entier étant de 4272. Sur une durée plus longue se sont plus de 20 000 migrants qui ont perdu la vie depuis l’an 2000. La tendance est de surcroît à une hausse permanente, l’année 2014 ayant battu tous les records en laissant loin derrière le précédent pic qui était de 1500 décès en 2011. Les discours politiques et médiatiques construisent chaque nouveau drame comme des catastrophes imprévisibles sur lesquelles les gouvernements européens n’auraient aucune prise et aucune responsabilité. Le discours de la catastrophe cache un processus d’assassinat de masse de l’Union Européenne.

     


     

    Les angles morts sur les causes structurelles

     

    Le premier angle mort des discours politiques et médiatiques est celui des causes économiques poussant des dizaines de milliers d’Africains à risquer leurs vies dans des traversées qu’ils savent meurtrières. Depuis les indépendances politiques de la décennie 60, d’autres mécanismes que l’occupation militaire directe sont venus prendre le relais pour assurer la reproduction du « pacte colonial » c’est-à-dire la construction des économies africaines selon les besoins de l’Europe et non selon les besoins des peuples africains. Sans être exhaustif rappelons quelques-uns de ces mécanismes.

    Les accords de coopération économique, financière et monétaire que les différents pays européens imposent aux pays africains impliquent une vente des matières premières à des coûts inférieurs à celui du marché mondial et interdisent la taxation des produits importés d’Europe. Prenons l’exemple du dernier accord signé entre l’Union Européenne et les 15 États de l’Afrique de l’Ouest dit « Accord de partenariat économique » (APE). Cet accord interdit la taxation des 11, 9 milliards d’euros de produits importés par l’Union Européenne en 2013. Il met ainsi l’agriculture vivrière locale en concurrence avec l’agriculture industrielle européenne poussant à la misère des centaines de milliers de paysans. Les conséquences coulent de source :

    « Cet Accord renforcera une migration massive de populations privées d’avenir dans leur pays, dans une situation où la population d’Afrique de l’ouest fera plus que doubler d’ici 2050, atteignant 807 millions d’habitants (contre 526 millions pour l’UE à la même date), et dans un contexte de réchauffement climatique particulièrement accentué dans cette région.(2) »

    Le caractère exploiteur de ces accords est tel que le professeur Chukwuma Charles Soludo, déclare le 19 mars 2012 que l’APE d’Afrique de l’Ouest constitue un (AO) "second esclavage(3). Mais l’APE n’est que la systématisation à grande échelle de logiques de mises en dépendance antérieures comme « l’aide liée » imposant le recours aux entreprises françaises en échange d’un financement de projets d’aménagement, les Plans d’Ajustement Structurel imposant des réformes libérales en échange d’un crédit ou d’un report de remboursement d’une dette, ou pire encore l’institution du Franc CFA qui permet le contrôle des politiques monétaires de la zone franc. Ces causes directes de la paupérisation africaine et de la pression migratoire sont tues par le discours politique et médiatique dominant. Elles démentent l’idée d’une catastrophe imprévisible sur laquelle l’homme n’aurait aucune prise.

     

    Le discours médiatique de la catastrophe n’est qu’un processus de masquage des causes économiques structurelles.

     

    Bien sûr de tels mécanismes ne sont possibles que par le recours direct ou indirect à la force allant de l’assassinat des opposants à ces politiques en passant par les coups d’Etats ou les guerres ouvertes. C’est la raison de la fréquence des interventions militaires européennes directes ou indirectes en Afrique. Si la France est la plus présente dans ces aventures guerrières en Afrique c’est sur la base d’une délégation européenne. Face à la montée des puissances émergentes, face à la concurrence économique états-unienne et chinoise, l’Europe mandate ainsi la France pour la défense des intérêts de l’ « Eurafrique » c’est-à-dire pour la consolidation d’un néocolonialisme socialisé à l’échelle de l’Union Européenne. Cette « Eurafrique » économique et militaire est un vieux projet de certaines fractions du capital financier européen. Elle a été freinée par les concurrences entre les différents pays européens qui tendent à être mises au second plan du fait de l’exacerbation de la concurrence liée à la mondialisation capitaliste. Voici comment Aimé Césaire alertait déjà en janvier 1954 sur l’Eurafrique en se trompant uniquement sur la nationalité du soldat :

    « Je le répète : le colonialisme n’est point mort. Il excelle, pour se survivre, à renouveler ses formes ; après les temps brutaux de la politique de domination, on a vu les temps plus hypocrites, mais non moins néfastes, de la politique dite d’Association ou d’Union. Maintenant, nous assistons à la politique dite d’intégration, celle qui se donne pour but la constitution de l’Eurafrique. Mais de quelque masque que s’affuble le colonialisme, il reste nocif. Pour ne parler que de sa dernière trouvaille, l’Eurafrique, il est clair que ce serait la substitution au vieux colonialisme national d’un nouveau colonialisme plus virulent encore, un colonialisme international, dont le soldat allemand serait le gendarme vigilant(4). »

    Ces guerres directes ou indirectes(5) sont la seconde cause de la pression migratoire. Ce n’est pas seulement pour survivre économiquement que des milliers d’africains risquent leurs vies en méditerranée mais pour fuir les guerres européennes et leurs conséquences en termes d’installation de régimes dictatoriaux ou pire encore le chaos comme en Lybie ou au Congo avec l’installation de « seigneurs de guerres » avec lesquels le commerce peut continuer. Le discours médiatique de la catastrophe masque également la responsabilité européenne vis-à-vis de cette cause des migrations contemporaines.


     

    Frontex ou la création des conditions d’un assassinat de masse

    Si les causes évoquées ci-dessus suffisent pour comprendre la hausse de la pression migratoire, elles ne suffisent pas à expliquer l’augmentation du nombre de décès au cours de la migration. Pour cela il faut orienter le regard vers les réponses de l’Union Européenne à cette pression migratoire. Ces réponses se concrétisent depuis 2005 par l’action de l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne (FRONTEX). Le statut d’agence offre une autonomie importante qui a été encore renforcée le 10 octobre 2011 en l’autorisant à posséder désormais son propre matériel militaire. Les moyens financiers mis à disposition de FRONTEX sont en augmentation constante : 19 millions d’euros en 2006 et 88 millions d’euros en 2011(6).

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  • Russie-URSS-Russie : par Jacques Sapir

     
    Par

     

    Je poste ici un assez long papier de réflexion méthodologique sur l’histoire sociale (et politique) de la Russie.

     

    ——————

     

    La comparaison entre deux époques d’un même pays, comme dans le cas de la Russie d’avant 1914 avec l’URSS ou de cette dernière avec la Russie actuelle, est un exercice privé de sens s’il se limite à dresser la liste de ce qui est semblable (les soi-disant archaïsmes) ou de ce qui est différent. Il n’y a d’intérêt à se livrer à une telle comparaison que si l’objet en est de suivre des processus, d’observer comment des éléments nouveaux s’appuient, s’articulent sur des éléments anciens, ou au contraire les transforment voire les détruisent. Il faut alors être attentif aux questions que soulèvent ces différentes trajectoires. Traduisent-elles des logiques de diffusion de l’innovation, que celle-ci concerne les institutions ou les pratiques, les produits comme les formes d’organisation, par percolation ou par renversement des obstacles; les innovations repérables sont-elles à même de profiter des éléments préexistants ou au contraire ces derniers les limitent-ils, aboutissant à cantonner le changement dans des espaces clos? La comparaison ne vaut donc qu’à travers ce qu’elle nous donne à voir comme éléments de généralité ou au contraire de spécificité. Elle est l’autre face d’une tentative à penser en terme de modèle, c’est à dire de propositions cohérentes et de relations synthétisées. Radicalement opposée à une démarche platement empiriste, elle vise à soumettre le modèle à une critique salutaire pour éviter l’enfermement dans une axiomatique d’autant plus rigoureuse qu’elle serait en réalité de nature circulaire.

     

    L’usage de la comparaison est, on l’aura compris, une démarche parallèle à celle de l’interdisciplinarité[1]. Cette dernière est avant tout programmatique et non accumulative; elle procède non pas d’emprunts successifs, ad hoc, mais de l’élaboration de programmes visant à répondre aux limites de chaque discipline, tout en en respectant les règles propres de justification et de controverse. Cette interdisciplinarité, qui récuse la fusion des disciplines comme leur enfermement sectaire, se pratique avant tout par l’échange d’objections. La comparaison transhistorique, on le devine, est une source féconde de telles objections, à condition de ne pas tenter de lire le passé à travers la norme, implicite ou explicite, d’un futur magnifié. Il n’est pas de représentation plus perverse que celle des “lendemains qui chantent”, que ceux-ci soient le socialisme ou le marché généralisé. Le passé est alors entièrement soumis à une vision normative du futur, à laquelle il ne sert que de justification, positive ou négative.

     

    Mais, cette comparaison soulève alors la question de la « spécificité », que cette dernière concerne des caractéristiques de la société étudiée, ou qu’elle concerne au contraire un fait majeur dans l’environnement dans lequel se développe cette même société. Et, ici, il nous faut bien entendu considérer la spécificité de la situation créée par la guerre de 1914-1918. Les guerres sont, naturellement, des moments de ruptures sociales particulièrement importants. Mais, la guerre de 1914-1918, parce qu’elle concentre en elle toute une série de caractéristiques poussées à l’extrême, qu’il s’agisse de la violence tant individuelle que sociale, qu’il s’agisse de la mobilisation totale, rêvée ou réelle, de la société, constitue bien un environnement hautement spécifique. Le fait que cet événement soit survenu au moment où la société russe traversait spontanément un phase de transformations importantes a constitué un choc dont l’importance ne saurait être sous-estimé.

     

     

     

     Russie, URSS, Russie : le choc de 1914.

     

    L’histoire économique et sociale de la Russie et de l’URSS, s’inscrit sur une période longue qui fut traversée par plusieurs conflits armés : Guerre de Crimée, Guerre Russo-Turque de 1876-77, Guerre Russo-Japonaise (1904-1905), Première et Deuxième Guerre mondiale. Mais, ces conflits n’ont pas tous la même importance. Les trois premières guerres sont des tests de résilience de la société et de l’économie russe. Si elles ont un rôle important sur des choix politiques, elles affectent assez peu les formes d’organisations de la société et de l’économie. Il n’en va pas de même pour la Première Guerre Mondiale. Ce conflit apparaît souvent, pour certains auteurs, comme fondateur dans les ruptures que la Russie a connues et qui ont données naissance à l’URSS. Voilà qui repose la problématiques des continuités, des accidents et des ruptures dans le cours de l’histoire sociale.

     

     

     

    Accidents et ruptures

     

    Considérer que la comparaison transhistorique puisse être une démarche fructueuse a un certain nombre de conséquences. Il faut en particulier éviter de tomber dans une logique qui ne privilégierait qu’une continuité déterministe, obscurcissant le rôle des ruptures. La dimension mythique à laquelle la révolution d’Octobre a été haussée, par ses thuriféraires comme par ses adversaires acharnés, conduit d’ailleurs nécessairement à reprendre la question des ruptures, réelles ou imaginaires. Dans son livre consacré à ce qu’il appelle l’illusion du communisme, F. Furet très justement insiste sur l’importance de la guerre de 1914-1918 comme événement fondamental[2]. La description du conflit et des conséquences morales et psychologiques est frappante et sonne très juste. Cependant, à l’exception d’une évocation de la mobilisation à partir de Ernst Junger, la dimension de l’économie de guerre y est totalement occultée. Ceci n’est pas sans conséquence pour notre compréhension du système soviétique.

     

    La guerre moderne, dont la Guerre de Sécession fut en un sens l’origine et le prototype, implique une interaction forte entre organisation sociale et production mises simultanément au service de fins militaires. Cette interaction fut portée à son apogée lors du premier conflit mondial, dont nous commémorons actuellement le centenaire (1914-2014). N’aborder ceci qu’à travers la mobilisation des hommes, et la question militaire, est fortement réducteur car on aboutit alors à l’occultation de la dimension organisation. On peut être légitimement surpris de l’absence dans le livre de F. Furet de certaines références, comme les ouvrages de G. Feldman[3], F. Guarneri[4] et de G. Hardach[5], pour ne point parler ici de travaux plus spécialisés et portant sur les conséquences de l’expérience du premier conflit mondial. De même, est plus que regrettable l’absence de référence à l’œuvre remarquable de B. Carroll[6]. Il ne s’agit point ici d’exiger d’un auteur une présentation exhaustive du contexte et des sources. Une telle démarche n’aurait aucun sens, car l’exhaustivité n’a en réalité aucune limite. Tout travail en sciences sociales commence par un découpage, nécessairement arbitraire, du sujet. La gêne ici provient de l’accent mis dans les premières pages de l’ouvrage sur la guerre de 1914-1918. Dans la mesure où on veut y voir, à juste titre, un événement fondateur, il faut l’envisager dans son entièreté. Limiter le champ de ses explorations n’est pas neutre, et révèle en contrepoint un projet idéologique.

     

    La focalisation sur la dimension politique laisse ainsi dans l’ombre l’immense révolution économique qui s’accomplit, tant dans les faits que les esprits, comme contrepoint nécessaire et obligé aux horreurs quotidiennes du front. Ce faisant, on se prive d’un élément essentiel pour l’intelligence de la rupture représentée par la “Grande Guerre”. La démarche politiciste[7], non comme prise en compte de la dimension politique et des représentations qui lui sont associées, mais au sens d’une relégation valant dénégation de la dimension économico-sociale aux marges du raisonnement, retire alors pertinence et intelligibilité à l’idée pleinement justifiée de s’attaquer au traumatisme de 1914-1918 pour comprendre l’expérience soviétique. Car cette révolution, si elle a son épicentre dans les manières de travailler et de produire, s’accompagne de transformations essentielles tout autant dans le domaine des représentations que dans celui des équilibres politiques. Pour ces derniers, pensons par exemple à l’institutionnalisation du rôle de partenaire dévolu aux syndicats, qui n’eut pas été possible sans leur participation aux structures de l’économie de guerre[8]. Les représentations politiques elles aussi ont été fortement affectées par le conflit.

     

     

     

    La révolution russe et Walther Rathenau

     

    Que Furet insiste sur la manière dont la Révolution russe a été reçue par les grands historiens de la Révolution française est intéressant et important. Qu’il oublie d’analyser l’évolution de nombreux dirigeants allemands, dont W. Rathenau qui fut tout à la fois homme politique éminent du Zentrum allemand, grand industriel et responsable de l’organisation de l’économie de guerre allemande, est à cet égard édifiant. Car voilà un homme politique qui, à la suite de son expérience en tant qu’administrateur de l’économie de guerre allemande, se permit d’écrire : “…la nuit, je suis bolcheviste. Mais le jour, quand je vois nos ouvriers, nos fonctionnaires, je ne le suis plus ou pas encore.”[9]

    LA SUITE et les notes ICI

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  • Lettre électronique Hebdo de Cubacoopération : Les nouveautés depuis le 12 mars

     

    Chers amis,

    Pour un pays dont ses détracteurs affirment que rien ne bouge depuis plus de 50 ans, on peut dire que chaque jour est porteur de nouvelles et il devient parfois difficile de suivre cette évolution quotidienne. Les informations importantes ne manquent pas ces jours-ci.

    Un premier avion depuis 1959 en provenance de La Nouvelle-Orléans a atterri à La Havane ! Les vols New York-La Havane ont repris. Lundi s’est ouvert la troisième série de négociations entre les États Unis et Cuba et les 22 et 23 mars le responsable de la diplomatie de l’Union Européenne se rendra à Cuba. Et depuis quelques jours, suite à un accord entre la société cubaine des télécommunications et une société américaine, les communications téléphoniques entre les deux pays ont été rétablies...On ne doit pas oublier que le blocus existe toujours : une grande banque allemande vient d’en faire les frais, alors que 66 % des Américains viennent de se prononcer pour la fin du blocus, qu’il nous faut continuer à agir pour son retrait définitif. au moment même où Barak Obama vient en fait de déclarer la guerre au Venezuela, pacifique et indépendant.

     Notre Conseil d’Administration s’est réuni samedi dernier avec des présents nombreux et actifs. Nous en rendrons compte dans les prochains jours. On peut déjà dire que ce qui était à l’ordre du jour c’était, dans la situation nouvelle actuelle "comment accompagner le processus de normalisation des relations internationales" et ’jouer un rôle positif utile pour nos deux pays". Un vaste programme !

    Afin de mieux connaitre les activités déployées par nos comités locaux, nous publions maintenant, régulièrement le FLASH qui résume celles-ci. Merci à Michel Wenig et à Paula Lecomte.

    Bonne lecture,

     Bien cordialement,

    Roger Grévoul
    Président Fondateur
    Responsable politique du Site Internet et de la Lettre Hebdomadaire.

    Cuba vit une nouvelle révolution agricole : de l’agriculture intensive à l’agroforesterie

    par Miriane Demers-lemay le 19 mars 2015

    > Article publié sur le site NOTRE-PLANETE INFO ;

    > Après avoir essuyé les ravages économiques et environnementaux de la monoculture à grande échelle, Cuba se tourne maintenant vers l’agroforesterie à une vitesse et une ampleur inégalées. Et c’est un succès.

    Retourner à Cuba ou mourir

    par Traduit par Gonzalo Dorado le 18 mars 2015

    > Julie Schwietert Collazo
    (Article publié dans The Guardian, Traduction en espagnol par La Pupila Insomne)

    > Julian Wilson Esnart a besoin de médicaments coûteux chaque jour pour rester en vie mais il n’a pas d’assurance maladie (Medicaid*). Il met maintenant tous ses espoirs dans le crowdfunding (NdT : système de collecte de dons privés et solidaires) pour pouvoir prendre un vol pour retourner à Cuba.

    FLASH INFO N°4

    par Michel Wenig le 17 mars 2015

    Plus de 21 dirigeants ont déjà confirmé leur participation au prochain Sommet des Amériques

    par RG le 17 mars 2015

    > Sommet des Amériques au Panama, en avril
    Le président du Panama , Juan Carlos Varela, a déclaré que plus de 21 dirigeants ont confirmé leur présence au VIIe Sommet des Amériques qui se tiendra le mois prochain dans le pays.
    Parmi les chefs d’Etat Raul Castro, Cuba ; Barack Obama, États-Unis ; Dilma Rousef, Brésil ; Cristina Fernandez Argentine et , Michelle Bachelet Chili, a déclaré Varela.
    Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, n’a fait aucune confirmation écrite, mais il semble être (...)

    FLASH INFO N°5

    par Michel Wenig le 16 mars 2015

    La Convention de Santé et la 13e édition de la Foire « la Santé pour tous », à La Havane, du 20 au 24 avril prochain.

    par RG le 16 mars 2015

    > Un article du site RHC EDITÉ PAR REYNALDO HENQUEN

    « Les Misérables » (1925) d’Henri Fescourt projeté en exclusivité à Paris, en version restaurée (jusqu’au 17 mars)

    par Michel Porcheron le 15 mars 2015

    > Sommet de l’œuvre romanesque (cliché) de Victor Hugo, fresque monumentale écrite pour le peuple et que ce dernier a massivement plébiscitée, tant en France qu’à l’étranger, »Les Misérables » ont toujours mobilisé l’inspiration des cinéastes. Dès 1907, un film Pathé, intitulé le Chemineau, emprunte d’un fragment de l’immense édifice. Suivront quelques dizaines de versions, plus ou moins fidèles à l’original, tournées dans les studios des cinq continents : sans doute le record de l’adaptation d’une œuvre littéraire à l’écran (avec « Les Trois Mousquetaires ») (source : d’après Claude Beylie).

    > Parmi les plus marquantes, celles de Albert Capellani (1911), de Henri Fescourt (1925) puis ce furent les films de Raymond Bernard (1934), Richard Boleslawski (1935, USA), Riccardo Freda (1946), Jean-Paul Le Chanois (1958), Robert Hossein (1982), Claude Lelouch (1995) et Billie August (1998, USA-GB) film inutile.

    > Chacun choisira la meilleure adaptation (hors celle de Le Chanois, la plus mauvaise). Jusqu’au 17 mars est projeté en exclusivité à Paris, la version des Misérables d’Henri Fescourt, en lice avec celles de Capellani et de Bernard pour l’attribution de cette récompense.

    25 vérités de Robert Kennedy Jr. sur Cuba et les Etats-Unis

    par Salim Lamrani le 15 mars 2015

    > Par Salim Lamrani

    Brigade Henry Reeve : des défenseurs de la vie et de la paix

    par RG le 15 mars 2015

    > Sauver des vies, porter secours à des millions de personnes affectées dans le monde par les épidémies et des désastres.
    Les coopérants cubains de la santé ont laissé une empreinte ineffaçable dans plusieurs pays du monde. Grâce à leur travail dévoué là où on a besoin d’eux, au milieu des situations dramatiques, ils ont sauvé la vie d’innombrables personnes et redonné l’espoir à de nombreuses autres.
    Depuis sa naissance en 2005, à l’initiative du leader historique de la révolution cubaine, Fidel Castro, la (...)

    Orquesta Buena Vista Social Club fait son tour d’adieu et ajoute un concert à L’Olympia !

    par Michel Porcheron le 14 mars 2015

    Près d’un demi-million d’enfants seront vaccinés à Cuba contre la poliomyélite

    par RG le 13 mars 2015

    > Une campagne nationale
    – Près d’un demi-million d’enfants seront vaccinés à Cuba contre la poliomyélite dans le cadre de la Campagne Nationale de Vaccination qui commence le 15 mars.
    Dans des déclarations à la presse, l’assesseur du Programme National d’Immunisation, Miguel Ángel Galindo a signalé que plus de 373 000 enfants depuis les 30 jours de naissance jusqu’à 2 ans, seront vaccinés au cours de la première étape et la seconde étape consistera au rappel du vaccin contre la poliomyélite chez les (...)

    ÊTRE FEMME à CUBA : Compte rendu de la soirée à Vendome

    par Jacques Burlaud le 12 mars 2015

    > Pour le plaisir et l’intérêt de tous...
    La rencontre culturelle « ÊTRE FEMME à CUBA », organisée par le Comité 41 de Cuba Coopération dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme restera un souvenir fort, autant pour les quelques soixante-dix personnes qui y ont assisté et participé que pour les invité(e)s de l’après-midi et les organisateurs.
    Les propos recueillis à l’issue de cette initiative et les commentaires enthousiastes des artistes cubains présents en portent témoignage. La volonté, (...)

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  • Nouveau livre de Michel Collon : « Je suis ou je ne suis pas Charlie ? »


    Investig’Action

     

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    Michel Collon publie le premier livre analysant l’attentat à Charlie Hebdo et ses liens avec le Moyen-Orient. Il propose un débat large, respectueux et sans tabous. Pour surmonter le dangereux fossé entre « Charlie » et « pas Charlie ».

     


     

    « Je suis ou je ne suis pas Charlie ? »

     

    Réflexions sur la guerre, le terrorisme, l’islam et la liberté d’expression

     

    320 pages, format poche, 9 euros.

     

    12 questions pour débattre

     

    1. Jihadistes : la France innocente ?

    2. Arabie Saoudite et Qatar financent le terrorisme ?

    3. Les Etats-Unis ont-ils armé ces terroristes ?

    4. Eurojihadistes en Syrie : Opération Ben Laden bis ?

    5. L’antisémitisme se répand : à cause d’Israël ?

    6. Islamisme et islamophobie : musulmans suspects ?

    7. La France, c’est la liberté de la presse ?

    8. Fallait-il publier ces caricatures ?

    9. Qui a rapproché Charlie de l’Otan et de BHL ?

    10. La théorie du complot, un piège ?

    11. Le 11 septembre français : quelles conséquences ?

    12. Que faire ?

    COMMANDER CE LIVRE

    Le premier livre de Michel Collon après Israël, parlons-en ! (2010), La stratégie du chaos et Libye, OTAN et médiamensonges (2011).

    Le premier livre analysant l’attentat contre Charlie, l’ensemble des guerres au Moyen-Orient et 25 années de liens secrets entre USA et Al-Qaïda, puis Daesh. Pour garder la tête froide.

     

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    Offre spéciale avec un livre gratuit

    Qu’est-ce qui pousse de jeunes Français et de jeunes Belges à commettre un tel massacre ? Pourquoi une partie de la population ne se reconnaît pas dans le slogan « Je suis Charlie » ? Michel Collon répond à ces questions en revenant sur les causes profondes des attentats : la guerre là-bas, l’humiliation ici et, entre les deux, un eurojihadisme très organisé.

    Michel Collon enquête sur les dessous du terrorisme dit « islamiste » et son pouvoir d’attraction en France et en Europe. Comment empêcher ces départs vers la Syrie et ces atrocités ? Surtout : que vaut notre information ? Le fossé entre « Charlie » et « pas Charlie » révèle des populations qui s’informent de façon complètement différente, ne croient plus aux mêmes infos et ne se parlent jamais. Les médias, l’école et le débat démocratique doivent s’interroger, les enjeux sont vitaux ! Mais les choses ne bougeront que si chaque citoyen prend en main la bataille pour l’information.

     

    LA SUITE ICI

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  • Le Parlement européen refuse l’ouverture d’une commission d’enquête sur les Luxleaks


    SOURCE : euractiv.fr

    Conference de presse sur l'enquête du Parlement européen sur les LuxLeaks  ©European Parliament
    Conference de presse sur l'enquête du Parlement européen sur les LuxLeaks ©European Parliament Conference de presse sur l'enquête du Parlement européen sur les LuxLeaks ©European Parliament

    Les trois grandes groupes de la coalition favorable à Jean-Claude Juncker se sont mis d'accord pour proposer la création d'une commission spéciale. Un dispositif qui donne moins de pouvoirs pour enquêter sur l'évasion fiscale des entreprises en Europe.

    La toute puissante conférence des présidents du Parlement européen a décidé jeudi 5 février qu’il n’y aurait pas de commission d’enquête sur le dossier des Luxleaks. Une décision surprenante alors que la demande d’ouverture de cette commission d’enquête sur les pratiques fiscales du Luxembourg avait été signée par suffisamment d'eurodéputés, soit 188 d’entre eux.

    L’indépendance des services du Parlement européen en question

    Les services juridiques du Parlement européen avaient recommandé, il y a 48 h, aux présidents de groupe, de refuser la création d’une telle commission en estimant que la proposition était mal ficelée.

    Les experts jugeaient que la proposition de création de commission d’enquête omettait de préciser l’objet de l’enquête, et ne fournissait pas suffisamment d’éléments pour identifier clairement les infractions et les cas de mauvaise administration allégués. Un argument qualifié d’argutie juridique par les Verts, qui estiment qu’un autre expert aurait pu dire l’inverse. « Avec de tels arguments, le service juridique pourrait interdire l’ouverture de toute commission d’enquête » regrette l'eurodéputé Vert belge Philippe Lamberts.

    L’argument juridique a permis au président du Parlement européen, Martin Schulz, d’éviter de présenter la proposition en session plénière. A la place, la conférence des présidents a proposé que la plénière se prononce sur la création d’une commission spéciale, une question qui devrait être soumise au vote la semaine prochaine.

    Quand les signataires se retirent

    La demande de création d’une commission d’enquête avait été lancée par le groupe des Verts, avant d’être soutenue par la gauche radicale et d’un certain nombre de députés européens de l'ensemble de tous bords politiques.  

    >>Lire : La coalition pro-Juncker tente d'éviter une commission d'enquête sur les Luxleaks

    Au total, 194 députés avaient initialement signé la demande d’ouverture de cette enquête. Mais certains élus ont ensuite retiré leur signature : de 192 début janvier, il ne restait plus que 188 signatures le 5 février.

    « Les membres du PPE ont été la proie de fortes pressions de la part de leur parti pour qu’ils retirent leur signature, et la plupart l’ont fait » constate une source au Parlement européen.

    Parmi eux, le député européen Jérôme Lavrilleux, qui reste membre du PPE mais n’est plus membre de l’UMP, ce qui le place dans une position délicate. D’autant que le Parlement européen doit se prononcer prochainement sur la demande de levée de son immunité parlementaire

    « La conférence des présidents a décidé à la majorité qu’une commission spéciale aurait plus de pouvoirs et serait plus adaptées à traiter le sujet » a de son côté expliqué Martin Schulz, le président du Parlement européen, lors d’un point presse, tout en rappelant que le Parlement avait l’expérience des deux types de commission et qu’aucune des deux ne posait problème.

    Des commissions d’enquête rarissimes

    Les commissions d’enquête sont en fait très rares, puisqu’il n’y en a eu que 3 depuis que le Parlement européen existe, dont celle sur la vache folle, alors que les commissions spéciales sont légion.

    En 1996, le Parlement européen avait déjà refusé la création d’une commission d’enquête à propos du scandale d’Echelon, un système d’interception des communications mis en place par les États-Unis et d’autres pays anglo-saxons.

    Compétences réduites mais un champ d’enquête élargi pour la commission spéciale

    Par rapport à une commission d’enquête, une commission spéciale a moins de pouvoir, mais peut se pencher sur des sujets plus larges ; notamment, elle se penchera sur les rescrits fiscaux conclus par les pays ciblés comme le Luxembourg, les Pays-Bas ou l’Irlande dans le passé et dans le présent.

    Mais les deux types de commission n’ont pas les mêmes droits d’accès aux documents nationaux : le commission d’enquête aurait eu accès à tous les documents nationaux, la commission spéciale n’aura accès qu’aux documents européens.

    « Je suis très optimiste sur le fait qu’une commission spéciale puisse apporter de vraies améliorations » a estimé le président du Parlement européen.

    Les Verts  furieux

    Les Verts et la gauche radicale se sont montrés très frustrés de cette décision, notamment le Vert belge Philippe Lamberts.

    « Nous nous sommes battus, ça a été une longue bataille, parce que la commission d’enquête est l’outil le plus fort contre les problèmes administratifs en UE » a expliqué Philippe Lamberts, estimant que les trois principaux groupes du Parlement européen se sont mis d’accord contre la minorité.

    « Les trois grands groupes ne voulaient pas donner aux forces minoritaires ce qu’ils voulaient » a assuré Philippe Lamberts.

     « Je suis très déçu de ce résultat. Je suis furieux que le droit des minorités au sein d’un Parlement européen soit bafoué à ce point. C’est une agression envers la démocratie européenne ! » s’est exclamé Sven Giegold, élu dans le groupe des Verts en Allemagne.

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  • La Grèce et le piège des liquidités

    Par Jacques Sapir

    Les négociations en cours entre les autorités européennes, qu’il s’agisse de l’UE ou de l’Eurogroupe et le gouvernement grec se font tous les jours dans un climat de plus en plus délétère. Après « l’incident » de la vidéo de Varoufakis, largement diffusée depuis Bruxelles, dans laquelle il faisait un « doigt d’honneur » aux institutions, vidéo datant en réalité de 2013 et entièrement sortie de son contexte, il y a eu l’opposition de l’Eurogroupe aux lois anti-pauvreté que souhaite prendre le gouvernement grec. Cela démontre une volonté politique de la part des institutions européennes de « casser » un gouvernement nouvellement élu[1]. Voici qui en dit long sur le respect de la « démocratie » telle qu’on l’entend à Bruxelles. Tout ceci était néanmoins prévisible. Nous savons à quoi nous en tenir sur la « démocratie » de l’Union européenne. Mais, cela montre que le conflit est inévitable et a probablement atteint le point de non-retour[2]. Il faut alors examiner la situation de la Grèce dans ce contexte.

     

    La question des liquidités.

    Cette question est aujourd’hui centrale. Les banques grecques sont confrontées à une fuite de leurs dépôts. Les épargnants retirant l’argent soit pout le mettre à l’étranger, soit pour le thésauriser, soit enfin pour faire des achats spéculatifs. Les montants sont calculables par les demandes faites par la Banque Centrale de Grèce au système TARGET-2 qui gère les comptes à l’échelle de la zone Euro. Il semble que 27 milliards soient sortis en janvier 2015 (donc largement avant l’élection de SYRIZA), mais encore 15 milliards au mois de février. La Banque Centrale Européenne a réduit largement les moyens de refinancement des banques grecques et a plafonné l’aide à la liquidité d’urgence ou ELA. Ces mouvements de capitaux ont deux significations distinctes, mais la seconde pourrait peser dramatiquement sur l’économie grecque.

     

    1. Il y a tout d’abord une dimension « fuite des capitaux », spectaculaire mais qui ne constitue pas le problème principal. D’ores et déjà des sommes importantes ont été sorties de Grèce par la grande bourgeoisie et l’oligarchie locale. Ce comportement était à attendre. La dimension fiscale de ce comportement doit être prise en compte néanmoins, car ces sommes qui sortent ne peuvent plus être soumises à l’impôt.
    2. Il y a ensuite, et c’est de loin le plus important, un assèchement des liquidités disponibles dans l’économie. Cela perturbe fortement le fonctionnement des entreprises, qui ne peuvent ainsi plus emprunter pour faire face à des problèmes de trésorerie. Ceci risque de paralyser rapidement l’économie et d’aggraver de manière très spectaculaire la crise.

     

    En fait, le calcul des dirigeants européens consiste à penser que ce risque obligera le gouvernement Tsypras à venir à Canossa. Si les dirigeants de l’Eurogroupe ont fait un geste par rapport à la première dimension du problème, en évoquant la possibilité pour la Grèce d’introduire un contrôle des capitaux tout comme cela fut le cas à Chypre au printemps2013, il faut ici signaler que ce contrôle des changes ne résoudrait nullement le second problème auquel est confronté le gouvernement grec. Même si un contrôle des capitaux était introduit, cela ne réglerait pas l’assèchement des liquidités dans l’économie. En fait, la politique européenne vise à créer une dépendance de la Grèce aux mesures de la BCE afin de la faire plier politiquement.

     

    Que peut faire Tsipras ?

    Le Ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a refusé l’option d’un contrôle des capitaux qu’a proposé le président de l’Eurogroupe. On comprend parfaitement pourquoi : il sait très bien que cela ne règlera pas le problème. Mais, ce faisant, il commet une erreur, peut-être parce qu’il continue de raisonner en spécialiste de théorie des jeux (ce qu’il est). En fait, nous ne sommes plus dans le cadre strict de la théorie des jeux mais dans celle des choix stratégiques. La question est alors de prendre des décisions qui permettront de faire face à la crise des liquidités sans fermer nécessairement toutes les portes possibles à la négociation. Ici, c’est la métaphore du Judo qui s’impose. Quand vous affrontez un adversaire plus gros et plus lourd que vous vous devez vous servir de son inertie pour le terrasser. Cela implique de faire deux choses :

     

    • (a). Accepter l’idée d’un contrôle sur les capitaux de court terme, puisque cette idée est « offerte » par le Président de l’Eurogroupe.
    • (b) Mais, dans le même temps, lier cette décision avec une réquisition de la Banque Centrale de Grèce, la mettant temporairement aux ordres du gouvernement pour qu’elle puisse alors alimenter en liquidités les banques grecques et réinjecter de la monnaie dans l’économie.

     

    Il faut à cet égard faire bien attention à deux choses. La première est que le système de la BCE n’a nullement supprimé les Banques Centrales nationales. En faits, une partie des mesures prises par la BCE est exécutée par ces Banques Centrales. Ces dernières peuvent parfaitement faire des prêts en Euro aux banques commerciales, voir ouvrir des comptes spéciaux pour prêter directement aux entreprises. La seconde est que les traités garantissant l’indépendance des Banques Centrales comme préalable à l’Union Economique et Monétaire, traités qui ont été inscrits dans la loi de chaque pays membre de l’UEM, font partie de l’ensemble des traités européens pris depuis le Traité de Rome de 1957. Or, ces traités admettent des mesures d’urgence temporaire. Ainsi, une réquisition pour une période donnée (6 mois par exemple) ne remettrait pas la loi ni le traité en cause. Cette réquisition peut être prise par décret (donc sans vote au Parlement). Elle implique la nomination d’un administrateur provisoire, qui fera fonction de gouverneur de la Banque Centrale durant la période de réquisition.

     

    Quelles conséquences ?

    Il est clair que si le gouvernement grec annonçait à ses partenaires qu’il accepte le contrôle des capitaux mais qu’il le double d’une réquisition de la Banque Centrale pour faire face à la pénurie de liquidités, cela provoquerait un choc politique majeur. Légalement, la Grèce pourrait faire valoir qu’elle se situe toujours dans le cadre de l’UEM et que seule une situation « de force majeure » l’a contrainte à cette mesure conservatoire. C’est d’ailleurs l’argumentaire juridique dont l’Eurogroupe a usé en 2013 quand il a imposé à Chypre un contrôle des capitaux. Le contrôle des capitaux est normalement interdit dans le cadre de l’UEM, mais l’Eurogroupe avait considéré qu’il y avait là un « cas de force majeure » qui conduisait, de manière temporaire, à passer outre aux règles de l’UEM. Cet argument serait alors réutilisé par la gouvernement grec contre l’Eurogroupe, mais en se basant sur la jurisprudence établie par l’Eurogroupe. C’est cela le judo monétaire (et juridique) !

     

    Dès lors la balle serait dans le camp de l’Eurogroupe.

     

    Soit ce dernier décide d’exclure de fait la Grèce de la zone Euro, en interdisant la circulation des « Euro grecs » dans le reste de la zone Euro. Mais alors, le gouvernement grec serait parfaitement habilité à faire défaut sur sa dette. Or, dans ce cas, il se retrouve dans une situation où il bénéficie d’un excédent budgétaire (hors paiements de la dette), d’un solde de la balance commercial équilibré, et il n’a donc plus besoin des financements de la zone Euro. De plus, dans cette situation, et compte tenu de la dépréciation d’environ 20% de la nouvelle monnaie grecque à laquelle il faut s’attendre, les investissements étrangers (en particulier les investissements directs) serait rapidement importants, en provenance des BRICS mais aussi des pays du Golfe voire des Etats-Unis. La Grèce n’a donc rien à craindre de cette situation.

     

    Soit l’Eurogroupe accepte les mesures de la Grèce, qui peut donc émettre des euros librement, pour une période de 6 mois, dans le cadre de la zone Euro. Cela laisse du temps pour renouer les fils de la négociation.

     

    Penser politique.

    Il est important que le gouvernement grec adopte dans ce conflit avec l’Eurogroupe une pensée politique. Il doit très explicitement faire sentir à l’Eurogroupe toutes les conséquences politiques d’une attitude intransigeante. Une Grèce expulsée de force de l’UEM serait une Grèce qui se rapprocherait très vite de la Russie. De plus, au niveau interne, elle affirmerait sa souveraineté dans le cadre d’une action « exceptionnelle ».

    LA SUITE ICI

    Source et notes ici

     

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  • l’Euro, l’Europe et la paix

     

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    L’un des arguments les plus utilisés pour critiquer tout ce qui touche de près ou de loin à une dissolution de l’Euro (qu’il s’agisse du GREXIT ou d’autres hypothèses) est que ceci affaiblirait considérablement l’Union Européenne, voire provoquerait sa dissolution. En disant cela, les personnes qui défendent cet argument glissent d’un constat analytique (une crise de l’Euro ou plus précisément de l’UEM/Union Economique et Monétaire/parfois désignée sous ses initiales en anglais ou EMU) provoquerait un crise de l’UE) à un argument prescriptif : l’UE étant un « bonne chose », il faut défendre l’Euro car ce dernier est l’ultime défense de l’UE. En fait, cet argument doit être déconstruit. Il faut regarder les liens tant juridiques que fonctionnels qui existent entre l’UE et l’Euro (l’EMU/UEM), puis discuter des arguments qui concernent directement l’UE.

     

     

    Zone Euro et Europe.

     

    L’Union Economie et Monétaire (la « zone Euro ») n’est pas l’UE. C’est une évidence, mais il convient de le rappeler. Un certain nombre de pays n’ont pas voulu ou pas pu adhérer à l’EMU. Certains sont des « membres historiques » de l’Union Européenne. Ainsi, le Danemark, qui a voté non au traité de Maastricht, a obtenu quatre dérogations dont l’une sur la monnaie unique. Ce pays a refusé l’Euro par référendum en septembre 2000. La Suède a, quant à elle, aussi refusé l’adoption de l’Euro par référendum en septembre 2003. Enfin, le Royaume-Uni possède une dérogation permanente qui lui permet de ne pas adhérer à la zone euro. Par ailleurs, parmi les nouveaux membres de l’UE, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque et la Pologne n’ont pas communiqué de date butoir ou éventuelle quant à leur adhésion à la zone euro. La Hongrie quant à elle espère rejoindre la zone euro au plus tôt en 2020 et la Roumanie en 2018. On peut donc parfaitement être membre de l’UE sans l’être de la zone Euro. Dans ces conditions, on ne voit pas pourquoi une sortie individuelle de l’Euro ou une dissolution de la zone Euro, remettraient en cause l’Union Européenne.

     

    Il est cependant vrai que l’UEM a été conçu par certains comme une institution fédérale devant s’imposer progressivement à tous les pays de l’UE. En fait, deux conceptions se sont affrontées dès la constitution de l’UEM. Une conception, défendue par des économistes français (Pisani-Ferry[1] ou Aglietta[2]), voulait que cette « Union » s’accompagne rapidement d’une union fiscale et d’une union sociale. Telle était bien la vision de Jacques Delors. Une autre conception a cependant prévalu, celle d’un pacte de stabilité avec une surveillance multilatérale assez faible, reposant sur l’idée que la tache de gérer ses finances publiques et son économie devait revenir à chacun des gouvernements[3]. En réalité, les gouvernements se sont opposés à la conception intégratrice de Delors pour diverses raisons. Le gouvernement allemand parce qu’il comprenait bien que si l’UEM lui apportait des avantages considérables, en le mettant à l’abri des dévaluations de ses partenaires et en garantissant un taux de change plus faible que celui du Deutschemark, il ne voulait nullement entre dans la logique d’une Union de Transferts. On sait que pour qu’une zone monétaire puisse fonctionner correctement en dépit de la forte hétérogénéité des pays membres, il faut que des transferts financiers importants aient lieu. Les autres pays, comme la France et l’Italie, se sont aussi opposés à cette vision intégratrice pour des raisons essentiellement politiques.

     

    La crise que nous connaissons depuis 2008 a provoqué un durcissement de ces positions. L’Allemagne est, plus que jamais opposée à une Union de Transferts, mais elle a réussi à imposer sa propre logique de gestion par les divers « pactes » de solidarité qui ont été signés depuis 2011[4]. C’est ce que l’on appelle le « six pack ». Ceci a été consolidé dans le TSCG signé en 2012[5], et qui est entré en vigueur le 1er janvier 2013. Ces traités ne font que renforcer les mécanismes d’austérité que enserrent les économies européennes. De ce point de vue, il faut considérer que seule une sortie de l’UEM, parce qu’elle invaliderait les différents traités, est susceptible de sortir un pays de l’ensemble des traités signés depuis l’origine. Mais, une sortie généralisée (ou une dissolution de l’UEM) mettrait fin aux règles décidant de la politique économique dans les principaux pays de l’UE.

     

    On peut donc considérer que si l’Euro n’est pas l’UE, ce que l’on appelle actuellement « l’euro-austérité », soit l’ensemble des politiques mises en place dans les différents pays, est directement lié à l’Euro. La remise en cause de ce dernier entraînera nécessairement une remise à plat de ces politiques.

     

    Dissoudre l’Euro, dissoudre l’Europe ?

     

    Il n’en reste pas moins qu’une interrogation hante les esprits des anciens européistes : si l’on dissout l’Euro ne risque-t-on pas de dissoudre l’Union européenne ? On peut comprendre d’où vient l’idée. Ces ex-européistes, ou « euro-réalistes » comme ils se nomment parfois, reconnaissent les erreurs qui ont été commises, que ce soit dans la conception de l’Euro que dans sa mise en œuvre. Mais ils ajoutent que le remède évident risquerait d’être pire que le mal, en ceci qu’une dissolution de l’Euro risquerait d’entrainer celle de l’UE. En fait, on peut leur retourner la question.

     

    De nombreuses voix, qu’il s’agisse d’économistes ou de sociologues, disent aujourd’hui que c’est l’existence même de l’Euro qui met en péril l’Union européenne. Il y a eu des textes techniques, comme celui de Stefan Kawalec and Ernest Pytlarczyk[6], ou encore celui de Brigitte Granville et H-O Henkel[7], ou encore celui de Flassbeck et Lapavitsas[8]. Plus récemment c’est Stefano Fassina, économiste du Parti Démocrate Italien (dont Renzi est issu), et ancien vice-ministre à l’Économie et aux Finances dans le gouvernement Letta, qui a franchi Rubicon[9]. De même Wolfgang Streeck, un sociologue et économiste a publié dans Le Monde une longue tribune pour indiquer que l’Europe doit abandonner la monnaie unique[10]. Ce dernier montre bien que quand Mme Merkel dit « Si l’Euro échoue, l’Europe échoue », elle ne fait pas que défendre la position de l’Allemagne. Elle exprime aussi la crainte des élites allemandes d’être à nouveau accusées de « casser l’Europe » comme ce fut le cas en 1914 et en 1939.

     

    On lit souvent des formules intellectuellement affligeantes telles que « l’Euro c’est paix sur le continent européen » ou encore « l’Euro, c’est l’Europe ». Ce sont des injures à l’intelligence qui montrent un mépris de l’histoire et de ses réalités. La paix sur le continent européen tout d’abord n’est que partielle. On l’a vu dans les Balkans. Mais, si la paix est par contre bien établie en Europe occidentale, on le doit à la combinaison de deux faits, la dissuasion nucléaire et la réconciliation franco-allemande, elle-même fruit du travail que les Allemands ont réalisé sur leur propre histoire. Rien de tout cela n’est lié, de près ou de loin, à l’Euro. Par ailleurs, n’oublions pas que sur les 27 pays de l’Union européenne seule une partie d’entre eux d’entre eux font partie de la zone Euro. Une fois litière faite de ces contrevérités, on peut tenter une analyse dépassionnée de la question de la coopération et du conflit.

     

    Coopération ou coordination ?

     

    L’union monétaire est présentée comme une avancée dans la voie de la coopération entre États européens, ce qu’elle est indiscutablement. Mais elle n’est pas viable dans sa forme actuelle. Les pays de la zone Euro sont très loin de constituer une « zone monétaire optimale » et ce quelque soit le sens que l’on donne à cette notion. Les divergences structurelles entre les économies qui la composent, qui étaient déjà importantes au départ, se sont en fait accrues depuis 2002-2003. Il faudrait un effort budgétaire considérable de la part des plus riches pour harmoniser cette zone. Le maintien dans l’Euro est une politique qui porte en elle les ingrédients pour un renouveau du conflit franco-allemand mais aussi des divers conflits intra-européens. Au contraire, une sortie de l’Euro, qu’il s’agisse de la France ou de l’Allemagne ou des relations entre l’Allemagne et les autres pays (Grèce, Italie), permettrait de dédramatiser ces relations

     

    On tend souvent à la confondre avec la coopération. Or, il s’agit bien de deux concepts distincts. Le premier indique une volonté consciente des deux parties à obtenir un résultat commun. Le second indique que les effets de la politique menée séparément par chaque acteur peuvent aboutir à ce résultat commun. La coopération, si elle touche à des questions fondamentales, implique une mise en phase des cycles politiques dans un grand nombre de pays, une occurrence fort rare. Elle n’est réellement possible que pour un petit nombre de pays et implique un niveau d’homogénéité élevé. La coordination repose, quant à elle, sur des présupposés beaucoup plus réduits. Elle suppose qu’un pays réagisse à l’action d’un autre et que, d’action en réaction, à travers des mécanismes largement implicites, puisse se dégager un but commun.

     

    Retrouver la coordination impose de cesser de rêver à une impossible coopération. La volonté seule de coopérer ne suffit pas. Encore faut-il que les circonstances et que le rapport de forces s’y prête. Or, un pays – l’Allemagne – bénéficie trop de la situation actuelle pour vouloir en changer. Mais la volonté de coopérer fait aussi écran à l’établissement, possible et immédiat, de politiques de coopération.

     

     

     

    Notes

     

    En réalité, l’obsession de défendre l’Euro est en train de faire éclater l’Union européenne. Ce processus avait été décrit il y a près de 3 ans dans le livre Faut-il sortir de l’Euro ?[11] Il faut prendre la mesure de ce que cela implique. Plus longtemps nous resterons prisonniers de l’Euro et plus violents seront effectivement les soubresauts qui accompagneront la sortie de l’Euro. Le risque d’un nouveau conflit européen devient chaque mois qui passe de plus en plus évident. Si nous voulons préserver la paix en Europe il nous faut dissoudre l’Euro.

     

     

     

    [1] Jean Pisani-Ferry, Le réveil des démons (La crise de l’euro et comment nous en sortir), Fayard, 2011

     

    [2] Michel Aglietta, Zone Euro (éclatement ou fédération), Michalon, 2012

     

    [3] Jérôme Vignon, « Trois visions pour un gouvernement économique de l’Europe », La Croix, 23 février 2010

     

    [4] Déclaration des chefs d’État et de gouvernement de la zone euro du 25 mars 2010

     

    (http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/fr/ec/113564.pdf ); Traité instituant le mécanisme européen de stabilité, 11 juillet 2011, http://www.eurozone.europa.eu/media/582863/06-tesm2.fr12.pdf

     

    [5] Voir « Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire », http://www.senat.fr/cra/s20121011/s20121011_mono.html

     

    [6] Kawalec S., et Pytlarczyk E., « How to Contain Risks Throughout the Process of the Eurozone Dismantlementand Rebuild Confidence in the Future of the European Union », mai 2013, texte pour la 10th EUROFRAME Conference on Economic Policy Issues in the European Union

     

    [7] Granville, B., H.‐O. Henkel and S. Kawalec, ‘Save Europe: Split the Euro’, Bloomberg View, 15 mai 2013. http://www.bloomberg.com/news/2013‐05‐14/save‐europe‐split‐the‐euro.html

     

    [8] Flassbec H, Lapavitsas C., « THE SYSTEMIC CRISIS OF THE EURO –TRUE CAUSES AND EFFECTIVE THERAPIES », Rosa Luxemburg Stiftung, mai 2013.

     

    [9] http://www.lastampa.it/2015/02/24/multimedia/italia/fassina-pdla-grecia-esca-dalleuro-q93wq2qG2AlhCuZLRC5FkM/pagi et

     

    http://ideecontroluce.it/liceberg-e-sempre-piu-vicino/

     

    [10] Streeck W., « L’Europe doit abandonner la monnaie unique », Le Monde, mardi 3 mars 2015, p. 16.

     

    [11] Sapir J., Faut-il sortir de l’Euro, La Seuil, Paris, 2012.

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